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Agression sexuelle, l’abus ?, le déni – partie 2

Agression sexuelle - slogan - NXPL

J’avais pourtant dit non. Plusieurs fois. Quand après l’heure des derniers métros il m’a demandé si je voulais dormir dans son lit ou sur le matelas de l’atelier j’ai dit l’atelier, j’avais été claire. Je lui ai dit que j’avais besoin de me recentrer en étant seule.

L’abus ?…

Il m’a proposé de regarder le résultat des photos. J’ai dit oui. Le PC était sur son lit. Ce sont bien mes pieds qui m’ont amené à son lit.

Nous avons regardé très longuement les photos, je m’assoupissais. Ce sont bien mes yeux qui d’eux même se sont fermés dans son lit.

Le lendemain sa main a caressé mon dos, je me suis décalée. Il a dit d’un ton provoquant « tu n’aimes pas les caresses le matin ». C’est bien ma propre bouche qui a dit que je les adorais.

L’homme est un loup pour l’homme. Il est dangereux. Je suis dangereuse pour moi même.

Et puis j’étais engourdie de fatigue. Et malgré tout ivre du plaisir de la veille. J’ai aimé les photos, voir mon corps encordé, sublimé par la lumière. La vision qu’il a de la texture de ma peau, les traces de cordes. Je lui ai aussi dit que j’avais envie de danser, j’ai dansé pour me réapproprier mon corps et mon mouvement est imprimé sur une image trouble et troublante ou mes contours corporels sont instables, diffus… Mouvante et insaisissable. Fragile et désirante. Il m’a bien cernée.

La veille, il avait lui même fixé une limite. Ce qu’il me ferait ça ne serait que pour mon plaisir. Ce qui peut se traduire par il resterait habillé et je ne le toucherai pas. J’avais trouvé cette limite acceptable et rassurante.

Pourquoi enfreindre la limite qu’il a lui même posé… C’est pervers.

Il a pressé son corps contre le miens, m’a caressé de manière insistante. J’ai toujours aimé le sexe le matin. Justement pour ce plaisir trouble, d’être encore trop endormie pour me poser la question du consentement. Être pénétrée par le désir de l’autre.

C’est horrible quand l’amour n’est pas là pour protéger, pour le respect de mon corps et de mon âme.

Son style est agressif, un peu violent. Souvent j’aime ce style. Je suis agressive dans la vie ordinaire, entreprenante, je prend le leader-ship, je mène la danse. Quand on use de la force avec moi dans un lit, je peux me reposer un peu et explorer une autre forme d’être, plus dans l’accueil et la passivité. Ça me repose.

Il me saisit, me retiens. Je me débats et ça l’excite. Et je reconnais une gestuelle que d’habitude j’aime. Quand j’aime l’autre. Il me dit que je suis « une vraie soumise ». Et cela me trouble, quand mes autres amants me disent des choses semblables, je ne suis pas troublée. Ils me dominent avec amour, ils le font pour moi. Là, il le fait pour lui.

Et je n’ose pas dire non. Il met son sexe dans ma bouche, il me baise la bouche. Et au lieu de me rendre compte que je n’en ai pas envie je me demande comment faire pour le faire jouir. Et c’est même moi qui lui propose de me pénétrer avec son sexe. Plus pour que cela cesse que par réel désir. Le plaisir est modéré mais pas absent. Le plaisir n’est pas absent mais limite.

Cela cesse. Je prends une douche, je me prépare pour aller au travail. Il me prépare un petit déjeuner. Je n’avais pas dîner la veille au soir. Il n’avait pas faim. Moi si, je n’ai pas osé le dire. Pourquoi ai-je tant accepté. Moi qui peux être si affirmée. Je l’ai laissé me dominer, plus que cela, me sadiser. Je sais pourquoi. Je connais ce mode de fonctionnement, j’ai grandit avec. Je ne sais toujours pas m’en défendre.

Le déni…

La conversation du petit déjeuner est plaisante, il me parle photographie, de ses modèles. Il me dit que normalement il ne couche pas avec ses modèles. J’entends souvent les autres me dire qu’ils font exception pour moi. Pour le meilleur et pour le pire.

Je suis partie de chez lui sincèrement heureuse. Nous nous sommes quittés après s’être pris dans les bras l’un de l’autre. Il me dit qu’il sent mon besoin d’être protégée. Nous convenons d’un autre rendez vous. Il veut m’emmener au restaurant, pour bavarder.

Il est aussi capable d’une grande tendresse et d’un grand respect. Quand il m’avait détaché des cordes, il l’avait fait avec poésie, caressant maternellement ma peau. Avec un toucher, contenant, adapté, rassurant. C’était un beau moment, d’authentique écoute. C’est ce moment qu’il a photographié. Tant mieux.

J’ai laissé un message à une amie lui disant que je n’avais pas été sage, mais que je suis très contente de cette rencontre, de cette expérience. Mais pour la première fois je n’ai pas envie de raconter. Je ne me rend pas encore compte mais c’est de la honte. Elle me répond : si il y avait eu un problème tu me le dirais ? Je lui réponds oui. Et sourit de sa sollicitude.

Puis la journée s’écoule et un nœud dans ma gorge s’installe. Un trouble. Quelque chose en moi se réveille et je me sens écœurée. Je réalise que je n’ai pas vécu l’expérience que je désirais.  Mais surtout je me souviens que je ne voulais pas coucher.

Et là, je m’aperçois que pour la première fois depuis plusieurs mois je regrette. J’ai fait des expériences folles depuis que  j’explore le libertinage et le polyamour. Des extravagances que je n’aurai même pas pu imaginer ne serait ce que l’année dernière. Je n’ai jamais regretté, jusqu’à hier.

J’envoie un message à mon amant qui m’a conseillé le photographe. Je lui dis que je ne me sens pas très bien. Il me pose des questions, il s’excuse d’être direct mais il me demande « vous a t il violée ? ». Je réponds non. Mais le mot « manipulée » « abusée » me vient.

A suivre …

Les articles de la série :

  1. Agression sexuelle, la mésaventure du photographe
  2. Agression sexuelle, l’abus ?, le déni
  3. Agression sexuelle, se soigner
  4. Agression sexuelle, reflexions sur le consentement

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