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Analité, partie 2, le plaisir sale, je n’avais pas tout dit

Témoignage analité - NXPL

Je n’ai pas tout dit. Je suis un peu pudique. Oui, cela me surprend mais mon analité est peut-être mon espace le plus intime. Pourquoi ?

On appelle cette partie du corps « le fondement ».

Il y a vraisemblablement un lien.

Toutefois, il reste quand même que la sodomie, cela me semble sale. Parfois cela me laisse un peu honteuse. Pourquoi ?

Parce que la sodomie a été moralement très réprouvée ? Qu’elle l’est encore dans beaucoup de pays du monde, et même pénalement sanctionnée ?

Parce que le rectum est le lieu de passage des selles ? Quelle drôle d’idée de vouloir rendre sexy une zone du corps dévouée à l’une des fonctions les moins glamour du corps ?

Parce que « Va te faire enculer » reste à mes yeux l’insulte la plus mauvaise que l’on peut proférer ?

En même temps ce petit goût, d’interdit, de déviance, de contre-nature a aussi un effet érotique sur moi. Il fait de moi une femme encore plus vicieuse, extraordinaire, pétrie par ses instincts et son animalité.

Par pudeur j’avais simplement éludé la question de l’hygiène, du sale. Mais j’y reviens, arrêtons de tourner autour du pot, si nous voulons y mettre le doigt.

J’ai longtemps considéré que la féminité était de ne pas être organique. Quand j’allais uriner, j’essayais de faire le moins de bruit possible. Quand j’allais aux toilettes je disais que j’allais à la salle de bain.  Certaines normes de bienséance me confortaient. Il y a des choses qu’on ne dit pas, j’en ai déduit qu’on devait en avoir honte.

Et puis je suis devenue mère. La grossesse fait renoncer à certaines coquetteries, comme celle de dissimuler nos besoins naturels éliminatoires. Elle nous fait revisiter notre pudeur, le suivi médical, la réattribution de certains de nos organes à de nouvelles fonctions : le vagin à l’expulsion, le sein à l’allaitement nous incite à percevoir autrement notre corps, notre organisme. Nous sommes des mammifères, des animaux.

Puis la rencontre avec un nouveau corps, celui du bébé nous fait à nouveau chavirer dans nos représentations. Un bébé ça fait caca. Et c’est parfois impressionnant, inquiétant, attendrissant, mais presque tous les jeunes parents trouvent cela passionnant.

Malgré cela, ma propre fonction excrétoire me laisse honteuse. Pourtant je suis une femme, une vraie. Et les vraies femmes défèquent ! Elles ont un anus pour cela. Et certains hommes le désirent ! Pour en faire autre chose ! Mais quelle idée ?

Lors de ma première pénétration anale, mon amant a eu la capote légèrement souillée. Une trace infime, mais présente. Il faut dire que l’acte n’était pas du tout préparé. Faut-il s’y préparer ? Est-ce que ça l’a gêné ? Visiblement non ! Je lui ai même demandé, il a confirmé que non. « Bon en même temps, un cul c’est un cul ! ». Oui mais j’aurai préféré avoir un cul de princesse ! Je suis sûre que Blanche-neige à un rectum immaculé ! Bon, pas grave je suis sûre de sucer mieux qu’elle…

Alors comme souvent dans la vie, les choix les plus sages se résument à deux options : s’accepter ou changer, avec heureusement des espaces pour mêler les deux.

Évidemment accepter est une bonne idée. Je n’ai pas le rectum le plus net et glamour du monde. Je l’avoue. Je mange pourtant sainement et l’ai religieusement préservé pendant trente ans ! La nature m’a doté d’un vagin très sensible (avec 2 deep spots qui me réjouissent) elle n’allait pas tout me donner, ça serait injuste !

Et changer ! Heureusement Dieu a inventé la poire de lavement ! Je suis le genre de femme très fière d’acheter des préservatifs. Quand je vais au supermarché pour un achat impulsif pour un rendez-vous encore plus impulsif, je ne les dissimule pas sous d’autres articles, non je l’assortis uniquement d’un lubrifiant. Et je sourie à la caissière. Surtout si elle est jolie…

Mais j’étais toute rougissante en demandant à la pharmacienne « Une poire à lavement s’il vous plait. -Auriculaire ? Ou pour un autre usage ? -Pour un autre usage………….. ». Heureusement Dieu a aussi inventé les lunettes de soleil très couvrantes pour dissimuler la gêne.

J’ai lu des conseils sur le net : pas trop souvent pour ne pas désorganiser la flore, pas trop d’eau pour ne pas trop irriguer, pas trop près du rapport pour éviter… l’horreur absolue !

Et mon homme fusée m’a aidé. Cet homme, mon deuxième amant, est d’une paix et d’une curiosité très inspirante pour son corps, très apaisante. Il m’a montré sa poire et l’a presque utilisée devant moi. Merci ! Merci de me montrer que tout le monde a un anus, et qu’on peut en prendre soin avec respect et légèreté.

Et il m’a aussi laissé jouer avec son corps, invitée à explorer son fondement, caresser son anus, titiller son canal rectal, effleurer sa prostate, la presser, la bercer doucement. Il y a pris du plaisir. Et moi aussi. Le pénétrer.  Avoir le doigt dans son corps et trouver un sentiment de puissance dans le fait de lui offrir du plaisir a été si fort. Si fort que le lendemain dans la douche je me suis explorée avec plus de tendresse que jamais. Et c’était très agréable.

Bien sûr je n’ai pas de prostate, mais je peux caresser le col de mon utérus à travers les membranes de mon rectum et mon vagin, la bosse me donne même une sensation similaire au doigt. Et les sensations décrites sur les forums dédiés au plaisir prostatique m’ont souvent évoqué mes orgasmes de mes « deep spots » (points érogènes en avant et en arrière des culs de sacs utérins). En tout cas c’est agréable. Je sensibilise la zone. Mon anus, mon canal rectal, mes points G et deep spot postérieur via l’arrière… autant de nouvelles cordes à mon arc du plaisir.

Et puis les hommes ont un pénis, un corps caverneux, des bourses, une prostate, les femmes un vagin, un clitoris, une vulve, un utérus. Mais nous avons tous des fesses, un anus et la capacité d’en jouir. Pour peu qu’on y travaille, qu’on le sensibilise, qu’on se l’autorise. L’anus est la deuxième zone du corps la plus sensible. Et si la pénétration anale était la plus égalitaire des agréables pratiques sous la ceinture ? Développer le plaisir anal, à recevoir et à donner serait alors un acte quasi-féministe, tout à fait humaniste. Alors finalement « Va te faire enculer » deviendrait une invitation au militantisme égalitaire !

Je suis définitivement conquise ! D’autant plus qu’hier, j’ai ainsi eu mon premier petit orgasme anal… 

Merci la vie, merci l’amour et merci… mon cul ! (Oooh…).


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