« As tu des conseils à me donner pour un bon plan cul ? »
J’ai déjà reçu plusieurs fois ce type de message. Je n’ai pas la prétention d’être en place de donner des conseils. Mais partager mon expérience et mes opinions, je dis oui 😋
Qu’est ce qu’un plan cul ?
J’ai des partenaires sexuels dont je ne suis pas amoureuse. J’ai même des partenaires avec qui la relation est exclusivement corporelle. Mais le terme “plan cul” me paraît réducteur et péjoratif.
Quand je rencontre une autre personne pour des ébats érotiques c’est toujours une expérience animée par le désir de connexion. Même si elle est éphémère, elle est réelle, sensorielle et émotionnelle. Cela ne se fait qu’avec respect et bienveillance.
Si mon partenaire ne cherche pas le lien par la rencontre de nos corps, alors il ne s’agit que de se soulager sexuellement au moyen de l’organisme de l’autre. Si c’est cela un plan cul, je n’y vois pas d’intérêt.
Mais une relation basée sur le plaisir mutuel à se retrouver pour se prodiguer du bien être et éventuellement de la jouissance, en toute conscience et consentement me semble tout à fait acceptable et souhaitée, un bon plan !
Je dirais donc que, selon moi, pour une bonne relation de nature sexuelle il convient de trouver une personne qui partage cet état d’esprit favorable à une sexualité épanouissante, qu’on pourrait qualifier en anglais de « sex positive ». Et pour cela, il n’y a qu’une seule manière, il faut communiquer.
Les trois points du bon plan cul
Quand j’envisage une nouvelle relation, je communique sur trois points: les goûts, l’optique de la relation et la sécurité.
Les goûts
Ce premier point, la partie la plus excitante, consiste à discuter de nos habitudes, de nos préférences et de notre curiosité à en sortir pour explorer… huuum…
Il y a tant à faire en sexualité, le tendre et le sauvage, les doigts et les langues, les objets, le bondage, les pénétrations, les jeux sensoriels, le tantrisme, les jeux de rôles, le BDSM…
L’optique
Ce deuxième point, dont je parlais plus haut, consiste à discuter de la nature de l”engagement dans la relation et l’éventualité de son évolution.
La sécurité
Ce dernier point consiste à discuter de sécurité. sujet Indispensable, même s’il peut paraître moins glamour. Si le futur partenaire n’est pas capable de communiquer sur cela, il faut fuir, non?
La sécurité c’est le consentement. Je prends désormais un temps indispensable pour évoquer avec mes éventuels nouveaux « compagn.e.ons » la notion de consentement. Cela me permet de me sécuriser et d’envisager de lâcher prise. Et nous savons bien que le lâcher prise est un bon moyen d’accéder au plaisir…
Si je sais que mon «non» sera entendu, je peux envisager de dire «oui». Le consentement est la capacité à communiquer son désir, à entendre celui de l’autre, à ressentir en soi ce que cela produit, à l’exprimer clairement, à écouter le non, à savoir rebondir par la suite.
Ce sont des compétences qui nécessitent une éducation, un travail sur soi. Heureusement les travaux pratiques sont très réjouissants.
Le secret du bon plan cul est dans la discussion préalable
Apprendre à communiquer ses désirs :
- Quel est le mal à dire qu’une personne nous plait ?
- Quel est le mal à dire qu’on a envie de la toucher, de l’embrasser ?
- Quel est le mal à dire à une personne qui répond à vos avances qu’on a envie de mettre ses doigts dans son corps ?
On peut apprendre à proposer sans pression ni violence.
Un aimé m’expliquait qu’il y a 3 facteurs de violence, le cadre, l’intention de l’émetteur et la sensibilité du récepteur.
- Bien-sûr une proposition des plus sales sera tout à fait adaptée dans un club libertin et tout à fait inadaptée devant ma mère. (C’est d’ailleurs pour ça que je ne vais jamais avec ma mère en club libertin !). C’est le cadre.
- « Tu vas voir comme je vais t’enculer, toi » … cette phrase peut-être reçue de manière tout à fait différente selon l’intentionnalité de celui qui la prononce. Si c’est mon aimé qui enrage car il perd à une partie de jeu de société ou si c’est plus tard dans la soirée et que nous nous réconcilions avec amour.
- Enfin la violence, indépendamment du cadre ou de l’émetteur, dépend de la sensibilité du récepteur, de la personne mais aussi du moment. Il y a des jours où je suis plus encline à recevoir une fessée que d’autres, il y a des mots comme «salope», «se faire prendre» ou des gestes comme une strangulation, une main sur la tête ou même un regard qui peuvent être vécu comme excitant par certain.e.s où violent par d’autres.
Comment savoir? En communiquant, en étant à l’écoute activement.
Comment encourager l’autre à exprimer sainement et sans pressions ses désirs sans travailler sur sa propre capacité à accueillir des propositions sans les juger ?
Le partage des fantasmes et envies
J’en ai reçu des propositions incongrues: « tu voudrais faire pipi avec moi dans la douche ?», « tu voudrais que je te lèche avec de l’eau gazeuse ?», « Tu voudrais venir déguisé en renard et me prendre en pegging un soir à l’hotel ? ». Bon… j’avoue c’est moi qui ai fait ces propositions… Ne me jugez pas!
Je crois que tous les désirs sont sains et leur expression respectueuse est saine. C’est leur réalisation sans consentement qui pose problème, où les risques qu’ils font courir). Si mes « aimé.e.s » ne répondent pas toujours à l’affirmative, le fait de pouvoir leur exprimer toute ma fantaisie est une source de vitalité pour ma sexualité. Et je les en remercie.
Consentir, c’est savoir entendre en soi les échos des propositions, savoir goûter si c’est oui ou si c’est non. Être attentif à ses sensations, ses émotions. Sans doute une compétence des plus difficiles pour « certain.e.s », On nous apprend à être adaptables, à être «gentils».
Arrêtons d’être gentils pour être nous mêmes, respectueux de nous et des autres. Là encore sans se juger soi même, sans être à la recherche de justification. Être libre de seulement dire ” Non merci ! “.
Enfin c’est savoir l’entendre. La personne qui dit non parle d’elle, de ses limites, de ses propres besoins. Elle ne parle pas nécessairement de vous. Son « non » est un non pour se préserver pas pour vous juger.
Enfin un non est une invitation aux rebondissements, si une caresse est refusée une autre sera peut-être acceptée. Si les propositions d’actes sexuels sont déclinées, elles le sont peut-être à l’instant T mais seront peut-être acceptées dans une heure, dans un jour, dans un mois. Le refus n’implique pas nécessairement la fin de la relation, seulement un réajustement. Si un refus est ferme et définitif, il faut être clair.
S’écouter, écouter l’autre, communiquer, être actif dans son désir, et laisser libre court à sa créativité… Mon sentiment est que, dans un plan cul, comme dans la vraie vie, la joie vient du fait d’être libre, d’être soi et d’agir.
Note complémentaire d’Adam
Pour la discussion préalable (appelée aussi “négociation préalable” dans des contextes “kinky”) et l’échange de fantasme et limite, on peut s’aider de l’outil gratuit (évidemment voyons) que j’ai mis en place sur le serveur, la Kink List.
C’est très pratique et assez exhaustif pour servir de base de discussion sur ce qui est possible et ce qui ne l’est pas.
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