Voici mon parcours et mes réflexions sur la séduction, sur comment séduire un homme ou une femme.
Vouloir séduire une femme, c’est la prédater ?
Nous étions dans un bar lesbien avec une copine pansexuelle comme moi. J’étais fraîchement autorisée à libertiner par mon mari avec qui j’étais en couple exclusif depuis plus de 15 ans. Quinze ans que je n’avais eu que lui, et avant lui, je n’avais connu que des hommes. Enfin, j’allais pouvoir explorer mon attirance pour les femmes, j’allais tenter de coller ma peau à l’une des leurs.
Je dis à mon amie : “c’est génial, toutes ces femmes ont ça en commun avec moi, elles aiment les femmes ! Je vais aller les voir !”. Mon ami me répond d’un ton péremptoire : “ah non, tu te calmes justement, on est là en sororité ici, tu ne vas pas reproduire le schéma de prédation que certaines fuient justement en venant ici.” Avec le point de sa phrase et le fait qu’on ne pouvait pas danser pour raisons sanitaires (p… de covid de m…), mes perspectives de rencontrer une âme sœur à faire chavirer dans mon lit s’effondraient…
Sur le moment, je n’ai pas compris. Pourquoi ? Vouloir séduire une femme, c’est la prédater obligatoirement ?
Par la suite, je me suis inscrite sur un site de rencontre entre femmes. Et j’ai mis cela en avant : je ne suis pas là pour “avoir”, je ne suis pas là pour séduire. Je suis là pour rencontrer des femmes pour de la sexualité. Parce que j’aime le corps des femmes, j’aime la sexualité et que je crois que la rencontre peut être une belle histoire.
L’une d’elle m’a dit qu’elle n’avait pas une vision négative de la séduction. Pour elle, la séduction, c’est se présenter sous un angle charmant.
Séduire, c’est comme mentir ?
Pour moi, c’est comme mentir. Ce que j’aime dans le libertinage ou dans mes relations polyamoureuses, c’est justement la sincérité de nos échanges.
Je crois que je me suis tellement souvent conformée à ce qu’on attendait de moi que je suis épuisée de cela. J’ai passé ma vie à séduire : séduire mes parents pour recevoir leur amour, séduire mes institutrices pour avoir leurs gratifications, séduire mes pairs pour me sentir acceptée, séduire au travail pour obtenir les postes que je convoitais, séduire mon homme pour qu’il prenne soin de moi…
J’ai même, alors que j’étais indisponible, séduit des hommes par simple plaisir du jeu, par défi. Si je séduis, c’est que je suis belle, drôle, c’est que je suis aimable. Une fois rassurée, je leur servais un “oui, mais non en fait”. J’étais une prédatrice, une allumeuse. Bon, je n’ai pas allumé des centaines d’hommes, une dizaine peut-être, mais je n’en suis pas très fière.
Mais je séduisais avec mon humour, des gestuelles, des moues, des attitudes provocantes : avec un personnage.
Étais-je vraiment aimable si je n’étais pas moi-même ? La fille, l’élève, la copine, la professionnelle ou l’amoureuse pouvait-elle se sentir aimée si ce n’est que son personnage qu’elle donnait à aimer ?
Je séduisais puis j’attendais des propositions. Auxquels je répondais non. Quand j’ai commencé à libertiner, j’ai attendu qu’on me sollicite. Et j’ai été sollicitée. Je recevais les propositions.
Par la suite, j’ai rencontré sur un réseau social une femme. Je l’ai sollicitée. J’ai voulu la séduire à coup de provocations sexuelles. Avec les hommes, ça marchait ! Je l’ai agacée. Elle m’a trouvée superficielle, et même fausse. Mais elle n’a pas refusé de me parler et avec le temps, nous nous sommes découvertes. Je lui ai parlé de moi, elle m’a parlé d’elle, son histoire, ses émotions.
La sincérité et la communication pour être proposante
La sincérité. Finalement, c’est ce que j’aime dans mes relations, avec mon mari, avec les hommes que j’avais rencontrés par la suite. Nos relations ne fonctionnent que si nous sommes sincères les uns avec les autres. Honnêtes avec nos sentiments. Respectueux de nos besoins et limites. Se dire quand on a envie de l’autre, quand l’autre nous demande trop, quand on se sent amoureux, lorsqu’on ressent le manque. Lorsqu’on a peur de perdre, quand on a honte. C’est si bon de partager cela.
Et nous sommes tombées amoureuses l’une de l’autre. Je ne l’ai pas séduite, je ne l’ai pas “eue”. Nous nous sommes liées en tout consentement libre et éclairé, et avec beaucoup d’enthousiasme.
Je ne veux plus séduire, ni des femmes, ni des hommes, ni quiconque.
Je veux être moi, avec mes pétillances et mes défauts, et plaire pour ce que je suis et ce que je sais faire.
Pour cela, il faut que j’ose la sincérité et que j’ose la position active : être proposante. Et ça, je sais bien faire maintenant.
“J’ai beaucoup aimé parler avec toi, j’aimerais te revoir.” “J’aime bien les moments que nous passons ensemble, c’est une relation n’est-ce pas ?” “Tu me plais ? Moi aussi ? On pourrait se voir pour partager une expérience sexuelle ?”
Sans orientation de genre, si chacun s’éduquait d’une part à communiquer avec plus de sincérité ses désirs et ses attentes, à signifier ses limites, la vie ne serait-elle pas plus simple pour bon nombre d’entre nous ?
Et si chacun était libre de le faire, la personne qui recevrait les propositions se sentirait peut-être moins en place d’uniquement réceptrice, de position passive. Et forte de cela, elle se sentirait probablement plus en capacité de refuser sereinement.
Agir son désir, oser communiquer, oser la sincérité, tout cela me donne plus de bonheur et d’alignement que la séduction. Je ne veux plus être séduite, je ne veux plus séduire. Je veux être ouverte et active, je souhaite vivre ma vie libre de me lier ou non avec des gens libres de se lier ou non.
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