Je m’offre une expérience en silence. C’est une amie d’un ami qui propose l’expérience. Une dizaine d’âmes sensibles, férues de danse, de musique, d’art, qui s’abstiennent pendant quelque trois jours de mots, de gestes communicatifs. Si un groupe ne s’adresse ni la parole, ni des mimes ou autres regards entendus, que chacun écoute son besoin, son intuition, son élan, sa propre justesse, un accordage adviendra-t-il? Un processus créatif émergera-t-il ?
L’expérience en silence, l’ennui puis l’envie
Je n’ai jamais pratiqué le silence sur une longue durée comme une méditation ni comme une expérience artistique. Je me l’offre.
L’arrivée est excitante, l’incongru, l’originalité. Je me sens rapidement bien dans le groupe. Mais petit à petit, la lenteur m’endort, l’ennui me rend légèrement triste. Je pense même à partir. Mais je reste, je sens que la pénibilité relative cache souvent une pépite, un cadeau.
Les cadeaux apparaissent de-ci de-là : une œuvre picturale, un concert de percussion, un beau plat cuisinés ensemble.
Le matin du 3ᵉ jour, c’est une danse qui m’offre une surprise. Celle de la peau d’un homme qui évolue torse nu près de moi, qui danse aussi à demi nue et les yeux fermés.
Je l’avais vu cet homme. Grand, très beau. Quelque chose en lui m’avait donné l’impression qu’il serait indisponible, peu intéressé.
J’avais moi-même le feu au ventre, sans que je comprenne vraiment pourquoi, peut-être un fruit de l’ennui, une contestation de l’organisme qui veut se sentir vivant.
Alors quand la peau de mes seins se pose sur celle de son torse, je frémis de satisfaction. Loin de se détourner, sa danse continue de me confronter. Nos avant-bras se trouvent, se caressent. Mes membres serpentent le long des siens, le repousse, le rattrape. J’appuie mon corps sur le sien, danse contact, il me soulève et me porte. Je goûte avec délectation qu’il répond présent.
Heureuse de cette découverte, j’ose me lover. J’ose descendre vers le sol et mes propositions sont suivies, accueillies par ce grand corps dont l’odeur suave m’emplit déjà les narines. Au sol, il s’allonge sur moi et lentement, il caresse ma peau. L’ambiguïté de la danse n’est plus à dissimuler. Et le groupe n’en a que faire, comme nous n’avons que faire du groupe. Il y a là une création, celle du dialogue de deux corps. Nos bouches créent, elles aussi, une rencontre. Et je sens son sexe durcir sur ma cuisse.
L’ombre me rafraîchit un peu, j’ai envie de marcher au soleil. Je prends sa main pour l’y emmener. Il me conduira vers son camion que je me laisse visiter. Il n’y a pas de mots à poser sur nos intentions. Nous savons, nous sentons.
L’amour sans paroles
Il me couche sur son lit, termine de me déshabiller lentement. Il me caresse. J’aime la chaleur de sa paume sur mes bras, mon ventre, les cuisses. Il se déshabille et j’observe la beauté de son corps. Est-ce l’absence de parole, mais je vois toute l’animalité de ce corps pourtant si doux, la puissance de cette incarnation, la poésie de ce corps musculeux. Je contemple sa pilosité douce et fournie. J’ai envie de le humer dans chacun des recoins de son être.
Son sexe est superbe également. Son gland est joufflu et l’épaisseur de son membre me donne envie. De majestueuse lignes veineuses parent ce vit sculptural que je prends plaisir à bercer dans ma main.
Je ne sais rien de lui. Pas même son prénom. Je sais juste qu’il sait garder le silence, qu’il semble aussi avide que moi d’expérience et de jeu. Et qu’au présent, il a un désir jumeau du mien.
Je m’imagine qu’il vit ici et qu’il séduit toutes les femmes qui passent là. Ou encore, je l’imagine en train de tomber amoureux de moi et crains de le faire souffrir.
L’heure n’est pas à la narration, mais elle occupe mon mental, pendant que mon corps s’applique tout contre le sien. Nos respirations s’accélèrent, j’aime entendre son rythme qui me fait oublier les histoires.
Je fais une petite entorse méritée pour tracer un carré du doigt et au lieu de sortir un préservatif, il me propose une brique de boisson chocolatée. Je ris à gorge déployée de la plaisanterie si bien conduite.
Finalement, il trouvera la protection qu’il enfilera lentement sur son sexe pendant que je l’admire. J’ai envie de sentir ce membre dans mon corps. De coller le plus étroitement mon pubis sur le sien et de le sentir tout en moi, dans toute sa conviction et sa largeur. J’ai envie de fusionner mon désir dans le sien.
Soulagement quand millimètre par millimètre le plaisir pénètre en moi. Il ondule doucement son corps sur le mien, et je l’accompagne. Je me tourne, m’ajuste à la recherche de mon plus grand contentement, de mon extase.
Je finis par grimper sur lui pour glisser le long de sa verge et je le vois respirer son plaisir et le silence se remplit de souffles et d’halètements de joie. Puis soudain, il trahit l’expérience d’une phrase spontanée “je vais venir”, et son orgasme vient dans un gémissement adorable.
Je m’assoupis quelques instants. Ses doigts ne finissent pas de caresser ma peau gourmande qui en redemande. Je lui rends ses caresses avec plaisir et ludicité. La journée est longue, nous ne mangeons pas, nous nous rasassions de nos bouches et de nos parfums.
À deux reprises nous redanserons, le temps est plein de ne plus exister. Je me sens puissante d’être une femelle dans la vitalité de mon plaisir, le long de la verge de son mâle de l’heure.
Mes orgasmes me font tressauter. Les siens le font gémir.
Le soleil semble sur le point de se coucher et le silence sera rompu au scintillement des premières étoiles. Nous entendons des bruits de pas aux alentours, nous cherchons les autres que nous voyons chaussés, chaudement vêtus, prêts à entrer dans une voiture. Sans vraiment savoir ce qu’il se passe, je saisis cette nouvelle aventure qui nous conduira en lisière d’une forêt observer le galop du soir d’une petite horde de cerf. Magique.
La narration intérieure
Il y a une distance entre nous. Je ne sais si elle est pudeur où c’est que déjà consommée, il commence à m’oublier. J’observe cette nouvelle narration en moi.
Serrés les uns contre les autres, soudés contre le froid, je me sens à nouveau accueillie dans le grand corps du groupe. Tendresses, sécurité et puissance. Nous laissons le ciel métamorphoser ses couleurs, du jaune au bleu sans presque passer par le vert. Les nuages roses. Puis la nuit est là et les mots réapparaissent.
Ce jeu en silence est terminé. Rires, connivences. Prénoms. Reconnaissances. Liens. Bribes d’histoires. Retour sur des instants cocasses ou subtiles. Un groupe d’enfant heureux de se retrouver.
Nous rentrons en pleine nuit, sans lumières, orientés par notre guide qui nous fait confiance pour le suivre et affronter le sol inégal. Le chemin est périlleux, je manque de tomber, il saisit ma main pour le rattraper, lui qui n’était pas si loin et au creux de mon oreille, il me dit: au fait, moi, c’est Bruno…
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