#16063
Hyménée
Participant

Bonjour Andraneros,

Belle analyse, mais qui s’est installée sur une dialéctique trompeuse et limitante, à mon avis : union ou divergence ? Je ne crois pas qu’on puisse attraper le phénomène orgasmique et le sentiment amoureux ainsi.

Je me permets de vous citer dans un autre fil de discussion :

La fin de l’orgasme se traduit par la retombée simple du plaisir sans effet de libération. Selon mon état d’esprit et de fatigue je laisse revenir mes sensations ou je passe à autre chose, sommeil ou retour à l’activité. Pour reprendre un thème de discussion datant d’il y a quelques mois je ne ressens pas d’explosion libératoire après un orgasme prostatique, mais un simple sentiment de plénitude ou de satisfaction.

Imaginez que vous arriviez dans quelque temps à obtenir autrement l’effet de libération procuré par la décharge dans ou par l’être aimé (votre femme), que vous perdiez les pédales pour de bon. Que vous tombiez dans l’incontrôle obscure, celui qui dépasse l’entendement, la raison et l’analyse, celui qui se résume par deux râles : enfin !, encore !

Imaginez qu’après avoir tiré le coup (pan !), vous réalisiez que votre état psychique reste en suspension, et qu’un accomplissement plus profond vous tire à nouveau à vous aimer par le désir des êtres aimés, et que vous tiriez encore, et encore, et encore, et encore … plus profond … plus fort … une sorte de boucle sans fin qui unit et vous fait vivre tous vos désirs dans le même temps, du sentiment amoureux le plus platonique à la pulsion la plus inavouable (et qui donc ne peut être demandée à son partenaire de vie mais tout juste trituré avec son psy).

J’aimerais avoir la chance de pouvoir me contenter de ne désirer qu’un seul être, et que comble de chance, il soit à mes côtés et me désire autant que je le désire et dans le même sens. Je ne crois pas que les désirs et plaisirs fonctionne ainsi. En tout cas, pas chez moi.

J’ai bien l’impression, en couchant ces mots, que la dialectique union/divergence avec ses relations amoureuses repose sur l’orgasme unique masculin, la libération unique de l’homme, celle qui ravage tout, qui déborde, la définitive. Effectivement, en ce sens, cela me semble cohérent.

Mais l’orgasme prostatique peut libérer plusieurs fois le corps, et c’est le corps tout entier qui se livre autrement. Cela ouvre la possibilité de lire le corps de l’autre d’une façon nouvelle, et de faire preuve de la plus pure des altérités : l’autre n’est peut-être pas mon complément conçu pour l’emboitement, mais peut-être un autre moi-même.

Le corps de l’aimée est peut-être en sommeil, comme le mien a pu l’être si longtemps, en attente d’un amant fougueux qui le révèle à lui-même. Encore, et encore, et encore. De toute éternité. C’est le mythe de la Belle au bois dormant revisité. La Belle dans une forteresse sans vie, qui attend, attend, attend.

L’esprit de l’aimée est peut-être incohérent, bourré de complexes, de contradictions, de désirs inavouables, meurtri de n’être qu’un être fini, toujours en quête d’une absolution définitive, d’un retour à soi, d’une autonomie, de trouver la source de cette fontaine de jouissance qui coule en soi.

Pour reprendre la dialéctique qui cadre cette discussion, je crois qu’il y aura union des relations amoureuses, si l’orgasme libératoire unique masculin reste le sous-bassement de la relation amoureuse et de son expérience prostatique, divergence sinon, en tout cas dans un premier temps.

Nota bene : je garde espoir d’une union sacrée des profondeurs. 🙂