#28662
Envole
Participant

Hello,

@aneveil
sur ces questions de genre chacun.e élabore l’idée qui lui convient le mieux, en fonction de son vécu. C’est je trouve une bonne chose que le masculin ou le féminin ne soient plus si évidents que ce soit pour les hommes ou pour les femmes, parce qu’en fait ce qui semblait évident pendant longtemps est en fait issu d’une construction intellectuelle, économique, sociale, qui s’est basée sur des différences physiologiques certes bien existantes à la base, mais moins contraignantes psychiquement qu’on ne le pense. En particulier la construction mentale de genre pendant la gestation du foetus peut être assez différente des données génétiques (je ne vais pas faire un exposé développé là-dessus, il y a beaucoup de documentation sur le net…)
Toujours est-il qu’il est donc ici beaucoup question de vécu, et c’est l’intérêt de nos discussions d’y intégrer la dimension sensuelle. Ce qui permet de voir que les mêmes ressentis chez deux personnes peuvent correspondre à deux vécus de genre différents, par exemple cette question du pénis : tu n’as pas une représentation de toi très phallique, moi non plus, ça nous rassemble donc (ça explique aussi qu’on se retrouve ici !!!) Mais dans mon cas j’ai une représentation de moi avec un vagin, c’est à dire que quand je ressens mes sensations sexuelles comme celles d’un vagin, à l’endroit où il se situe, dans ma tête se dessine clairement une représentation de mon corps avec un vagin…C’est ce que j’expliquais l’autre jour en disant que la “femme astrale se posait sur mon corps” : dans ces moments, où j’ai une jouissance qui a le rythme, les contours, de la jouissance féminine, il y a dans ma tête une construction mentale qui apparaît sans que je l’ai demandée, et qui est quelque chose d’un épanouissement mental et sexuel féminin, d’une conscience de la forme de mon corps comme féminine…C’est difficile à expliquer parce que ce sont des choses assez subtiles, mais c’est bien ce que je ressens…A tel point que ces derniers jours je me prends à tenter de retrouver cette jouissance de mon vagin pour retrouver cette impression qui me fait tellement de bien d’être une femme dans le plaisir avec un sexe utilisé comme sexe féminin, masturbé comme un sexe féminin…
J’ajouterais pour être claire sur le côté subtil, relatif, changeant, de la notion de genre, que toutes ces réflexions que j’expose ici ne me sont pas venues en un jour : certes j’ai toujours eu des tendances à me travestir, à vouloir vivre le sexe en femme, mais je n’ai pas dit à mes parents à l’âge de 5 ans que je voulais être une femme. J’ai désiré la féminité, ses apanages, me lover en elle, m’en habiller, mais je ne l’ai pas exprimé, soit parce que mon éducation me l’interdisait, soit parce que le sentiment n’était pas assez puissant pour me faire passer le pas, soit par peur de la violence et du jugement d’autrui (je pense qu’il y a un peu des trois). Mais depuis que j’ai commencé à me poser la question il y a quatre ans, de mon identité de genre, suite aux expériences dont j’ai parlé dans mes textes du début, je n’ai plus arrêté d’y penser et d’élaborer mes réponses à ces sujets, d’échafauder des hypothèses pour expliquer mon comportement, d’explorer toutes les pistes de problèmes psychologiques qui pourraient avoir eu le transgenrisme comme paravent…Et pendant ces quatre ans, où j’ai été aidée par un super psy, totalement bienveillant, absolument non dogmatique (l’idée de l'”absence de phallus” est de moi, pas de lui), j’ai progressivement compris la profondeur de mon sentiment féminin (c’est ma façon de ressentir le monde), sa permanence (il est avec moi tout le temps), et ses bienfaits pour moi (le laisser s’exprimer a guéri une dépression que je trainais depuis longtemps et dont je n’arrivais pas à comprendre la cause…) Si je dis aujourd’hui “je suis une femme” c’est parce que je le pense vraiment, après être passée par une phase où je me définissais comme pangenre, puis bigenre, puis androgyne…Mais aujourd’hui voilà c’est clair pour moi, je suis un esprit de femme dans un corps d’homme.
Par contre ça ne veut pas dire qu’il n’existe pas bien des autres façons de vivre la question du genre, par exemple beaucoup de personnes se disent “gender neutral” comme tu l’écrivais, d’autres se sentent plutôt “non binaires”, c’est à dire dans un entre-deux qui n’est pas juste une juxtaposition des deux, mais un état au milieu…D’autres se disent “fluides”, c’est à dire qu’elles ou ils passent assez facilement du vécu féminin au vécu masculin et inversement, sans rejeter ni l’un ni l’autre…
Personnellement la différence est que je me sens bien en femme, et pas bien en homme. Donc j’ai choisi plutôt le côté féminin, parce qu’il me va mieux…Et je progresse doucement pour l’explorer de la façon qui me va et ne pas tomber dans des caricatures de femme que je ne suis pas…Parce qu’une fois qu’on sait de quel genre on est, ça ne veut pas tout dire. ça ne définit pas toute la personnalité…A chacun.e de trouver son style, de créer même son style dans son genre, dans ses genres, autour, en-dehors…Là réside une grande liberté de définition de soi…Que je trouve grandement intéressante !!!
Bon j’arrête là pour le moment, je vais aller regarder les différents liens sur le tantra, dont je suis adepte, j’ai récemment lu
cette introduction au tantra d’André van Lisbeth
et je suis en train de lire ce livre de Michèle Larue sur le massage tantrique, passionnant également.
Tout le meilleur à tout le monde, à bientôt !
Naomi