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Participant

Merci pour ton questionnement @Jieffe

Pour préciser ce que je veux dire : nous avons, au cours de notre existence, suite à l’éducation que nous avons reçu dans le milieu dans lequel nous avons vu le jour, et du fait de nos choix de trajectoires imprégnées de plus ou moins de liberté, élaboré un discours intérieur de description du monde. On se dit : le monde est comme ci, ou comme ça, ou pas comme ci ou pas comme ca, etc… Aujourd’hui, la science est devenu l’étalon de pensée, comme autrefois on s’appuyait sur la connaissance de dieu.
La science a permis de réduire considérablement l’obscurantisme des périodes religieuses, mais elle permet aussi de justifier toute sorte d’absurdité. Une multitude d’études scientifique sur le même sujet aboutissent, selon la source de financement des scientifiques à l’origine de l’étude, à des conclusions très différentes, voire opposées. S’affrontent alors non plus des résultats scientifiques, mais des manières d’aborder l’étude scientifique, des écoles de pensée, des élaborations intellectuelles sur ce que doit être la science, ses méthodes. Il s’y affronte des conceptions du monde. Bien sûr il existe des sujets d’étude scientifique qui décrivent notre monde de façon assez fiable, mais lorsqu’il s’agit de nous, de tout ce qui concerne notre relation au monde et à l’autre, c’est la cacophonie. Si bien que ce monde que nous sert la science est impuissant à rendre compte de ce que nous vivons.

On voit bien que sur la question de la féminité, de la masculinité, de la façon dont on aborde son rapport au plaisir, son rapport à son corps et à celui de l’autre, rien n’est écrit, nulle part. Chacun se construit une image mentale, en fonction de nombreux paramètres, qui lui permet de vivre, comme il peut son existence au monde. Justement, ce qui fait que l’homme est libre, c’est que tout cela n’est pas écrit définitivement, ni dans un projet divin, ni dans une structure sous-jacente et déterminante que la science un jour pourra révéler. LE monde n’existe pas. Il existe des mondes ou il y a des dominants et des dominés, des esclaves et des maîtres, Il existe des mondes ou tout signe de gouvernement est immédiatement éliminé, des mondes ou il y a un Maître, et le peuple, Des mondes où l’homme peut disposer de la femme comme il le souhaite, d’autres où la femme est un monstre de terreur engloutissant, où symbole de fertilité, des mondes ou tout le monde vit en parfaite égalité, en harmonie, des mondes ou le rectum n’est qu’un réservoir à déchets, d’autre ou au contraire il est une fontaine de jouvance, Etc…

C’est à chacun, de construire son monde. Et le monde que l’on construit rayonne à l’extérieur, pour le meilleur, et pour le pire.

Sauf que au début, à la naissance, on en est incapables. On a besoin du discours d’un autre pour vivre, pour survivre. Cet autre c’est le milieu dans lequel on est arrivé, la mère qui nous parle, ou ce qui en tient lieu. Et selon qu’il était plus ou moins bienveillant (ce milieu), et selon peut-être certaines capacités personnelles, on aura une plus ou moins grande capacité à s’en émanciper pour se construire son propre monde.
Le discours sur le plaisir prostatique est presque inexistant, ce qui en fait, à la fois un terrain vierge, mais également un terrain propice à toutes les élucubrations terrifiantes, et traumatisantes. C’est le lieu du diable !
Nous, prostatophiles, si nous voulons progresser, nous devons intégrer à notre discours, cette pratique, cette réflexion, ce cheminement, dans la structure de notre monde. Cela conduit à modifier l’image que nous nous en faisons. Pour progresser, nous devons voir le monde autrement. Et cela se fait, parce que ce qui nous motive va bien au-delà du plaisir.
Nous avons sur le plaisir féminin un regard différent, un profond respect nous anime, parce qu’on en saisi mieux la difficulté, et la profondeur. Si l’on considère que ce qui se trouve au fondement de nos sociétés se noue là… dans ce qui relie les hommes et les femmes, la modification du regard que l’on a sur les femmes change complètement notre vision du monde, et la vision que nous avons de notre corps, de notre esprit. Il ne faut jamais oublier que la femme, c’est aussi le corps dont nous sommes sortis, et que nous sommes le fruit de ce qui s’est noué au cours de notre conception.

On peut pratiquer le massage prostatique pour épater la galerie, avoir un sujet de conversation au cour de ses soirées, mais nous savons bien que c’est absurde. Ça demande de la sincérité, ça demande de se retrouver face à soi-même. Vous ne pouvez pas vous mentir très longtemps, sinon ça ne fonctionne plus. En philosophie, on peut se mentir aussi, mais ça ne marche pas non plus. Ceux qui sont allé au bout de leur réflexion, avec sincérité, il y a deux mille ans, ou 500 ans, ou 200 ans, on les lit encore aujourd’hui, parce que ce dont ils parlent, nous parle aussi.
Si l’on voit cela (ce dont ils parlent) comme une chose figée, morte, qui s’offre à l’étude scientifique, ça ne marche pas. Mais si l’on perçoit cela comme l’émanation de ce qui bouillonne en nous, comme quelque chose de vivant, toujours en mouvement, toujours changeant, qui nous surprend sans cesse, qui nous stimule constamment, qui échappe à l’étude scientifique, à la mise en conserve religieuse, alors la perspective est radicalement différente : nous sommes en état de vie !

Bon cheminement à tous