#31601
bzo
Participant

j’ai repensé tout à l’heure en terminant une petite séance au lit
à la phrase du philosophe de l’Antiquité, Heraclite
-on ne peut pas entrer deux fois dans le même fleuve
ou encore, on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve,
selon les traductions,
il y en a quelques unes qui circulent

je me suis rendu compte tout d’un coup
qu’elle correspondait tellement à merveille au ressenti de mes séances,
cela fait des jours maintenant que je débutais mes petits compte-rendu
par c’était à nouveau meilleur que hier
et puis c’était à nouveau totalement différent de hier, donc meilleur
ou encore cela semblait à nouveau neuf

on ne descend jamais dans les mêmes eaux d’un fleuve…
oui c’est bien cela,
je retourne me baigner dans le même fleuve,
ce sont les mêmes eaux, je reconnais tout de suite, il y a quelque chose de tellement familier
mais en même temps c’est différent à chaque fois car ce ne sont plus les mêmes eaux,
le fleuve a avancé, aucune goutte d’eau n’est pareille
mais en même temps semble tellement pareille

c’est moi qui ait appris à apprécier leur différence, à goutter leurs nuances infinies,
leur variété sans fin
et en même temps à apprécier tout ce qu’elles ont en commun, tout ce en quoi elles sont pareilles

cela exprime exactement mon ressenti d’un jour à l’autre,
quelque chose de familier, d’immémorial
et en même temps de complètement différent, neuf, à chaque fois
on ne se baigne jamais deux fois dans les mêmes eaux d’un fleuve

tout cela est en train de devenir énorme,
gigantesque estuaire débouchant sur la mer,
voilà où je débouche de plus en plus souvent

on entre dans un fleuve, on entre se baigner dans les eaux d’un fleuve,
celui nous entraîne sans même qu’on s’en rende compte
et tout d’un coup on lève la tête,
on voit le ciel immense au-dessus
le ciel immense au-dessus avec plein de nuages voyageurs,
pas loin on entend les vagues, les brisants,
le vent dans nos narines, salin, de vagues parfums qui ont voyagé, voyagé,
fait peut-être plusieurs fois le tour de la terre

se mettre sur le dos, se laisser entraîner par le courant,
se repaître du spectacle de ce ciel sans limites,
de ce bleu empli de lumière,
s’emplir les poumons de cet air marin

l’horizon, c’est ici, c’est maintenant,
c’est en nous