il fut un temps où ce qui m’intéressait,
c’est d’avoir le plus possible d’orgasmes et le plus intense possible,
j’ai culminé ainsi et crois avoir atteint certaines limites
avec ces super O qui duraient parfois plusieurs minutes
et qui m’emportaient vraiment, vraiment très très loin
sacrées expériences, moments sublimes, moments inoubliables,
une certaine forme de transcendance en soi, de soi
mais moments terribles, moments limites quelque part aussi, quand j’y repense,
car il y avait une telle violence,
une telle explosion de violence à l’oeuvre aussi quelque part dans ces moments,
je ne regrette rien
mais ce n’est plus du tout mon voyage, mon périple, désormais
aujourd’hui ce qui m’intéresse, c’est la qualité des sensations,
la qualité, la richesse, la variété,
être envahi par la volupté, être envahi par une sensation de félicité,
être envahi par une sensation d’épanouissement dans l’instant
être envahi par un chant qui semble s’élever de partout,
un chant, une danse,
une grâce lascive en action en nous,
une grâce animale, un accord avec ces abysses,
sentir une communion en soi,
le masculin et le féminin pleinement éveillés,
leur corps à corps amoureux
divins moments d’abandon, divins moments d’abandonnement,
on s’abandonne, on cède
une sensation d’ouverture totale
et que ce qui se déverse en moi, vient de l’extérieur,
se sentir comme un entonnoir dans lequel s’engouffre
une volupté ineffablement délicieuse inlassablement
se sentir caressé dans la moindre de ses cellules, aucune d’oubliée,
une autre conception de l’intensité,
un grand sourire calme et radieux dans la chair
tandis que la ligne d’horizon semble toute proche, semble se rapprocher de plus en plus,
jusqu’à se sentir confondu à elle,
moments de fusion, moments de communion,
la chair grande ouverte vers le ciel,
à l’air libre, ivrement tournoyant