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@andraneros à écrit :

Ne serait-ce pas un des secrets du bonheur ?

Tu fais bien de supposer que ce “secret” n’est pas seul en jeu pour atteindre le bonheur.

Selon moi, le bonheur d’un être humain ne peut être vécu dans la solitude. Le bonheur solitaire existe, mais seulement dans la mesure ou-il fini par jaillir sur son environnement. Le fondement de ce bonheur ne peut se construire que dans la solitude de l’expérience, du vécu. Mais le partage de cette expérience, ne peut se passer de l’autre, comme expérience pour l’autre, qui se donne à l’autre comme “un plein sentiment d’être”. Ce sentiment jaillit sur l’autre, rebondi sur sa chair, sur son être, et revient sur moi, mais pas comme un reflet de moi-même, mais comme une réponse. Cette réponse, si elle me touche, parce qu’elle est imprégnée de reconnaissance, me remplit de bonheur parce qu’elle m’encourage à poursuivre sur ce chemin. Mais parfois, cette réponse me heurte, me blesse, et touche mon amour propre, la belle image que j’ai de moi. Alors j’essaie de comprendre ce qui s’est passé. Cette attitude, de compréhension, vient nourrir mon expérience, celle qui est vécue dans la solitude, et si le travail est bien fait, elle rejaillit alors sous la forme : “oui, j’ai compris ce que tu voulais dire”, je te reconnais, je reconnais ton existence, et ton “plein sentiment d’être”. Cela devient un échange véritable, par opposition à ce simulacre de partage ou l’on compare la taille de ses muscles, la beauté de ses formes, la puissance de son image, la profondeur de son porte-monnaie, et parfois aussi… la force de son orgasme.
D’un point de vue philosophique, ça implique de considérer l’autre comme son égal, et c’est très difficile, aussi bien quand à priori on le considère comme son supérieur, que comme son inférieur. L’autre difficulté, dans laquelle beaucoup sont tombés , c’est de ne pas confondre l’autre comme sont égal, et l’autre comme riche de sa différence.

Mais me diras-tu, @andraneros, à juste titre, quel rapport avec le massage prostatique ?

Le massage prostatique à définitivement réconcilié mon corps et mon esprit, mon moi pensant.

Notre culture est totalement imprégnée d’une défiance à l’égard du corps. Notre corps est considéré comme la source de notre part animale, et cette part animale est celle qui nous détourne de l’excellence de ce que devrait être notre nature humaine, totalement dissocié d’une nature qui nous détermine. Cette nature, animale, imprégnée dans notre corps, nous oblige, nous détermine à faire des choses, à être des êtres dont le comportement bestial, animal est considéré comme mauvais, néfaste, à proscrire, à combattre, à éradiquer. Si nous ne sommes pas capable de le faire nous-même, d’autres se proposent de le faire à notre place, ou de nous y aider.

Tout ceci est une erreur fondamentale : notre corps n’est pas notre ennemi, c’est notre allié. Le problème ne proviens pas du corps, mais de la longueur de vue de notre jugement, qui définit ce qui est bien ou mal, ce qui est bon ou mauvais. Le plus souvent, cette longueur de vue correspond à la défense des intérêts personnels de celui qui prononce le jugement. Et le plus souvent, compte tenu de sa longueur de vue courte, il omet de prendre en compte un certain nombre de paramètres qui auraient modifié son jugement si il en avait pris compte. De plus, comme il est venu sur la place publique, pour crier haut et fort son jugement, pour ne pas passer pour un imbécile, il s’interdit toute prise en compte ultérieure de nouveaux paramètres qui viendrait modifier son jugement, et va même jusqu’à déclarer la guerre à ceux qui prétendent qu’il s’est trompé. C’est ainsi que nait le mal, la guerre, et la désolation. Le corps, n’a rien à voir là-dedans, mais c’est un exutoire commode pour justifier n’importe quelle imbécilité.

Notre corps est notre ami, il ne veut pas nous réduire en esclavage, il n’est pas l’expression diabolique d’une nature sauvage, il ne veut rien. Il est un instrument, une boite à outil. Le problème ne vient pas de ce qu’il nous fait faire, mais de la manière dont nous nous en servons.

D’un autre côté, d’autres ont pu prendre le contrepied inverse en considérant le moi pensant, ou l’esprit, comme barrant la route aux plaisirs du corps, et en font un boulet, voire un ennemi. Pour moi, il n’en est rien.

Dans le cadre du massage prostatique, il est fondamental de dépasser cette opposition entre moi, et mon corps. La seule façon d’y parvenir selon moi, c’est de prendre conscience de la façon dont elle (cette opposition) se déploie dans notre existence, dans tous les automatismes que nous avons créé, à la suite de notre conditionnement culturel et éducatif, pour pouvoir les retourner, ou les modifier de façon à faire du corps et de l’esprit, non plus des ennemis, mais des alliés, des amis. Il ne s’agit pas selon moi de position physique, de posture corporelle, ou gestuelle, mais de position mentale, à l’égard du corps : suis-je disponible à sa vibration, ou pas ? Comment peut-on valider cette modification du rapport au corps ? En constatant le respect grandissant qu’on lui porte : prendre soin de lui en éliminant les excès qui réduisent la vibration, et en le laissant vibrer comme un instrument de musique dans lequel souffle le vent de la vie. C’est un peu pompeux comme formulation, je sais, mais en même temps je ne vois pas comment le dire autrement.

Et de cette façon (je répète ce que j’ai dit dans mon autre post) : “C’est un excellent point de départ pour partager, communiquer, et vivre avec son prochain.” car je ne suis plus, comme tu disais @andraneros dans l’un de tes posts, en position de prendre et d’avoir, mais bien plutôt en position d’être et d’offrir, ce qui ne signifie pas non plus, être béni-oui-oui, et accepter tout et n’importe-quoi, et en particulier l’humiliation et le harcèlement.

Merci pour ton retour @andraneros