houla pas grand monde par ici,
couloirs déserts, meubles qui commencent à prendre la poussière,
godemichés et autres accessoires abandonnés ça et là
depuis hier, je pratique quelques secondes par ci par-là
mais vraiment quelques secondes, à peine une minute à la fois,
en fait j’y ai pris plaisir de n’avoir pour l’instant que ces séances-éclair
ils passent comme un rêve,
mon corps est devenu tellement réactif,
qu’en deux temps, trois mouvements, j’ai déjà atteint une telle intensité,
une telle singularité de sensation
singularité de sensation et intensité minute,
j’aime cette formule pour l’instant,
en quelques secondes, je suis pris comme dans un tourbillon dans ma tête
et quand j’atterris, eh bien quand j’atterris,
je suis au coeur d’un corps en rut, d’un corps en train de jouir,
d’un corps traversé par des sensations en couleurs, des sensations en technicolor
un accord, voilà,
je ne joue pour l’instant qu’un accord sur mon instrument
mais je l’optimise et la sonorité qui s’échappe de tout mon être,
me ravit jusqu’au fond de l’âme
c’est comme si, un bref instant, une caresse suprême,
une caresse suprême s’effectuait sur le dos d’une bête fauve,
et que celui-ci se calme instantanément
et me voilà déjà occupé à autre chose, c’est passé comme un rêve
mais j’ai senti le fauve s’éveiller en moi,
le fauve s’éveiller en moi dans toute sa splendeur, dans toute sa puissance,
il était prêt à bondir, il était prêt à rugir, ses yeux étaient terribles
mais apaisé en un instant il fut,
comme par une main magique,
elle a parcouru lentement son échine, elle a glissé lentement tout le long,
suprêmement caressante, suprêmement épanouissante
mon corps a chanté un instant, tout mon être a dansé un instant,
ma soif s’est désaltérée un instant à la source la plus profonde en moi,
j’ai senti courir dans mes veines, dans mes muscles
une volupté ineffable, une harmonie sensuelle s’élever de partout