#34134
bzo
Participant

mon plaisir me projette directement dans une tellement autre dimension de moi-même

il y a tout cela en moi quelque part,
quelque chose qui semble tout à fait étranger à moi-même
et pourtant qui ne l’est pas,
quelque chose qui semble tout à fait étranger à ce corps d’homme
et pourtant qui ne l’est pas

après autant de temps,
je dois toujours me pincer mentalement quelque part en quelque sorte ,
non je n’ai pas rêvé, c’est moi qui ait vécu tout cela,
c’est moi qui ait ressenti tout cela,
c’est à moi ce trésor, ce flamboiement délicieux dans ma chair, ce brasier voluptueux dans ma chair,
il est là pour moi, il est là en moi,
je le couve en mes flancs

c’est comme une parturition, je le sens grandir en moi, je le sens se développer,
il éclot, il sort à chaque séance,
je le couve en mes flancs et il sort à chaque séance,
j’accouche de ce que je porte en moi, de ce qui grandit en moi, à chaque séance,
il ne crie pas d’être arrivé au monde, il n’est pas inquiet d’être arrivé au monde,
il est tout en gémissements, tout en frémissements,
il est une offrande à la terre, une offrande de mes entrailles à la terre
une offrande de mes entrailles aux entrailles de la terre,
la chair invisible de ma chair, le fruit épanoui de ma chair,
le fruit invisible et épanoui de ma chair qui sort au monde
et déjà qui s’évanouit l’instant d’après comme s’il n’avait jamais existé

il va renaître, il est tout en renaissances,
il est le sphinx de velours, le sphinx de feu, fruit du grand désir dans ma chair,
je lui sers de vaisseau quelques instants