#35508
bzo
Participant

dans une pratique comme la mienne,
on pourrait imaginer que tout est dans l’excès, que plus c’est excessif, mieux c’est
mais c’est faux, en partie du moins,
en fait c’est à la fois faux et à la fois vrai

il est vrai que ma pratique est constamment dans l’excès,
pour fracasser les frontières de son identité sexuelle,
il faut être constamment dans l’excès
même si on s’y est habitué, même si on a acquis des automatismes,
même si c’est devenu une seconde nature en quelque sorte, une fois qu’on est en action

mais je ne suis pas né femme dans un corps d’homme,
je ne suis pas non plus homosexuel
qui laisse sa part féminine prendre une place à tout instant dans son comportement
parce qu’il se sent bien ainsi, parce qu’il s’aime ainsi

même si je suis bisexuel au fond de l’âme
et que du temps où j’ai été actif sexuellement avec des partenaires,
je ne dédaignais pas de temps à autre une bite bien dure,
cependant je suis avant tout un homme qui aime profondément les femmes,
c’est inscrit dans mes gênes
et je ne sens aucun besoin, aucune envie, en dehors de ma pratique
de me laisser envahir par le féminin physiquement

en fait ce féminin imbibe ma nature de plus en plus, le le sais, je le sens
mais même si ce sont les effets quelque part de ma pratique,
ce sont des effets indirects qui bonifient ma nature profonde d’homme,
en enrichissant ma sensibilité , par exemple,
ou encore, intensifiant cette connexion que je sens à la nature, à la beauté,
mon instinct aussi, je le sens tellement plus fort en moi,
toutes sortes de signes, de vibrations,aussi de mes abysses qui interfèrent avec mon quotidien,
je vis tout cela avec émerveillement, délectation et avec fascination par moments
mais tout cela n’a pas grand chose à voir directement
avec des manifestations physiques de féminité comme celles qui envahissent ma pratique

ma nature de mec plutôt hétérosexuel donc, a tendance toujours à reprendre le dessus,
enfin pour l’instant, cherchant constamment à retrouver ses marques
et c’est normal,
il faut donc parvenir à dépasser certaines de ses frontières naturelles
il faut se forcer, il faut chercher à forcer cette nature
qui a tendance comme un chat à toujours retomber sur ses pattes,
vivre le féminin physiquement durant la pratique,
ce n’est pas juste bouger de manière efféminée, une caricature à la “cage aux folles”,
c’est vivre la féminité dans sa chair, dans tout son être, pendant de longues minutes,
la laisser prendre possession de son corps,
la laisser s’exprimer, bouger, ressentir, vivre, avec

on pourrait écrire pour résumer ma pensée
que pour aller loin, très loin, aussi loin que possible,
dans une pratique qui nécessite de l’excès, beaucoup beaucoup d’excès pour casser ses frontières,
il faut aussi de l’équilibre, beaucoup beaucoup d’équilibre, à tout moment,
l’équilibre d’un trapéziste en plein action, effectuant voltige sur voltige

je parle de choses concrètes ici,
ce qu’il faut ressentir à chaque instant dans ce que l’on fait, ce vers quoi il faut tendre,
c’est bien percevoir les différentes synergies en action,
et maintenir un équilibre subtil entre elles,
sans quoi notre action dans l’instant tout de suite n’est plus aussi efficace,
voire plus du tout, on va alors faire à tout bout de champ des sortie de route

notre pratique est comme une musique à la fois simplissime et tellement complexe
c’est un orchestre avec de multiples musiciens,
il faut qu’il y ait une sorte de direction ou sinon c’est la cacophonie,
même les musiciens de jazz qui improvisent, suivent des règles, ne font pas n’importe quoi,
percevoir cette synergie, percevoir l’équilibre nécessaire
pour qu’il n’y ait pas de sortie de route,
c’est faire naître la musique de plus en plus,
c’est faire s’envoler la musique de plus en plus

le dialogue avec sa chair, l’écouter,
canaliser la spontanéité du désir, la montée de nos énergies les plus secrètes
avec une écoute constante de ce qui se passe, notre moi pensant en veilleuse,
calme, terriblement calme,
pour un homme excité au plus haut degré
mais pour que la tempête puisse éclater régulièrement dans toute sa splendeur,
il faut savoir garder son calme et rester bien à l’écoute