#36360
bzo
Participant

la science nous apprend que notre corps est composé de divers organes, d’os, de sang,
qu’il y a le coeur, qu’il y a les tissus, etc
et puis qu’il y a des maladies,
terrible cela, les maladies,
certaines que la science peut guérir, d’autres pas,
enfin pas encore

la science est merveilleuse, pas de doute là-dessus, fer de lance du progrès humain
cependant ce corps,
c’est bien plus qu’un amoncellement d’organes, de chair et de sang,
au fonctionnement d’une complexité inouïe qu’elle éventera cependant peu à peu

avec le degré de complicité que j’ai atteint avec ce corps,
j’ai expérimenté de moultes fois à quel point il est aussi un continent inconnu empli de mystère
à quel point la science explore et ne pourra jamais explorer
que la partie émergée de l’iceberg
mais que nous citoyens lambda,
par le simple fait que nous avons un exemplaire, chacun, à notre disposition, 24h sur 24h,
un exemplaire de corps auquel nous sommes associé intimement, on ne peut plus intimement,
dans lequel nous sommes coulés, fondus, immergés, pour le meilleur et le pire,
nous avons la possibilité et le potentiel
de devenir un Christophe Colomb, un Marco Polo, un Magellan, un Cook,
de ses secrets les mieux gardés, inaccessibles à la science

nous autres, citoyens lambda,
de par le simple fait qu’on est un être vivant, un être de chair et de sang,
avec un cerveau, une imagination, une sensibilité, des nerfs, de l’instinct, des fantasmes,des pulsions,
nous trimbalons en nous, chacun, tout le mystère du monde,
enfoui dans les profondeurs, dans les abysses, de ce corps

je pense ici dans le cadre de ce journal bien sûr,
plus particulièrement à ceux du genre masculin,
qui ont ce précieux petit organe, appelé prostate,
comme pour compenser les limitations, de leur sexualité par défaut,
qui ont aussi ces deux boules plus bas, généralement poilues, enfin moins ces dernières temps
et puis ce petit tuyau de chair
qui peut doubler, tripler de volume,
passer de l’aspect d’un gros ver débonnaire pendouillant mollement,
à celui d’un fier guerrier casqué, se dressant de tout son long,
arqué, basané, strié de veines, prêt à monter à l’assaut,
à se ruer vers tout orifice de chair tentant

chemin initiatique en soi-même,
jour après jour progresser en soi, tel un pèlerin de la volupté,
cherchant la soie rare de la jouissance dans ses profondeurs,
chemin initiatique en soi-même,
jalonné de sensations extraordinaires, de volupté, de jouissance ineffable,
qui débouche pour les plus tenaces, les plus patients,
comme sur un immense estuaire
sous un ciel encore plus immense,
l’océan semble tendre ses bras par moments dans notre chair,
semble nous attendre parfois dans notre chair,
avec son horizon au loin à ras des eaux, parcouru de nuages,
de beaux nuages paisibles gorgés de soleil, de lumière éblouissante,
de diamants brillants flottant dans les airs, dans le bleu du ciel
jetant une multitude de reflets vers nous

et puis tant de cris d’oiseaux survolant partout l’immensité,
s’élevant comme des flèches tranquillement,
jouant rêveusement dans les airs, planant, dérivant,
leurs complices en bas, les vagues,
la foule des vagues,
dansent toute leur vie sur le dos des abysses, au rythme du lointain noyau de la terre,
toute la puissance de l’océan, du grand océan , est en nous, dans nos profondeurs,
à nous d’aller la chercher dans notre chair,
de la libérer
et de nous élever quelques instants comme une multitude de mouettes au-dessus des vagues