#36977
bzo
Participant

Bruxelles et ses rues désertes,
quelques âmes en peine semblent errer de-ci, de-là,
dont votre serviteur qui se dégourdit un peu les jambes
après une journée de télé-travail devant l’ordinateur

étonnant à quel point le décor semble changer ainsi,
sans le bruit, sans les nombreux passants, sans les voitures,
on aperçoit mieux les bâtiments, on remarque tout à coup le détail des architectures

mais surtout des couches de souvenirs reviennent à la mémoire,
enveloppent les rues, les maisons,
on se croirait déambuler dans les couloirs d’un musée personnel,
tiens cette vitrine, avant c’était la devanture d’une librairie d’arts
que je fréquentais il y a bien longtemps,
tiens cette maison, j’y ai dormi il y a quarante ans, j’y ai fais l’amour,
les draps étaient sales, on n’était pas très regardant, jeunes et insouciants

même le sida n’avait pas encore fait son apparition,
pas de capote, on y allait n’importe quand, avec n’importe qui,
bonjour les chaude-pisse à répétition,
ils commençaient à sourire et à plaisanter à l’hôpital
quand je me présentais à nouveau pour une piqûre

certaines maisons au fur et à mesure que je passe à côté,
semblent recouvertes de plusieurs strates de souvenirs,
cela ne m’était jamais arrivé encore si puissamment,
j’ai pas mal fréquenté le quartier avant de m’y installer définitivement, je me rends compte,
plein de choses me reviennent à la mémoire,
que j’avais complètement oubliées,
avec ses rues désertées, vides, fantomatiques, permettant à l’imagination, à la mémoire, d’errer librement

le plaisir dans tout cela?
il va bien merci, très bien même, merci,
mieux que jamais,
tellement riche, tellement diversifié,
je m’appuie contre ma grande armoire en hêtre brut,
je sens le bois contre ma peau nu, je m’y frotte un peu,
comme ce matériau est érotique, sensuel,
je commence à me caresser lentement la poitrine,
je m’attarde autour du sein, je presse un peu les cuisses,
je les frotte contre mon sexe, mes couilles, lentement,
je suis empli déjà de tellement de bonnes vibrations, de telles vagues de volupté

comme c’est bon ainsi quand les énergies se libèrent si facilement,
qu’est-ce qui les retenaient avant?
tout, rien, c’est juste une question de trouver le chemin en soi,
une attitude générale de s’ouvrir, de se laisser aller, de se laisser emplir,
de se laisser emporter,
toujours les mêmes mots qui reviennent,
comment décrire autrement?
il doit y avoir moyen,
non c’est juste cela,
il y a un stimulus quelque part et puis on y réagit,
on se laisse emporter, on le laisse s’amplifier dans notre chair, juste en se laissant aller,
s’ouvrir, ne pas résister,
la feuille est emportée au moindre souffle,
il faut se faire feuille en soi, feuille prête à vibrer et à s’envoler, au moindre souffle