#37253
bzo
Participant

je me suis demandé un instant si j’étais encore éveillé,
je me suis senti tellement emporté, tellement flottant, dérivant, éloigné de tout
je me sentais comme dissous à jamais dans un rêve érotique de la chair,
mais au fait, peut-être étais-je en train de dormir,
en train de rêver que je pratiquais, que je me donnais du plaisir?

peut-être que la nuit, toutes les vannes de nos énergies les plus secrètes
sont ouvertes en grand
et qu’ainsi nous flottons, nous dérivons, pendant de longues heures
entouré des innombrables débris de nos souvenirs les plus récents et les plus lointains
se mélangeant, se cognant, nous entraînant dans la plus étrange des farandoles?

ma main bougeait lentement sur ma poitrine, je repris conscience,
dans mon bassin, comme une inondation de soie chaude
comme si c’était un évier débordant avec les robinets ouverts en grand,
ça fuyait, ça dégoulinait, de tous les côtés dans mon corps,
je me laissais à nouveau absorbé, à nouveau happé par le flux,
redevins un fétu de paille dans le courant turbulent,
un nouveau blackout dans ma tête,
plus que de la lumière cristalline partout dans tout mon être
dans laquelle je semblais dissous
comme si j’avais été lâché dans l’espace interstellaire,
tournoyant lentement à des millions d’années-lumière de tout