#37546
bzo
Participant

l’essentiel, c’est qu’à un moment donné, j’ai décidé
que ces contacts, que ces frottements, c’était du plaisir,

j’ai envie encore un peu d’explorer cette voie
car elle me parait importante pour bien comprendre certains mécanismes du plaisirs,
enfin tels que j’ai pu les constater chez moi

le plaisir doit être avant tout décidé à un moment donné au plus intime de nous-même,
plutôt que d’être juste accepté

je veux dire, un contact totalement banal d’une quelconque partie de notre corps,
ne va rien entraîner chez nous, en principe, comme émoi, comme sensation de l’ordre du sexuel,
nous en avons des centaines, des milliers chaque jour dont nous nous rendons même pas compte
cependant si à un moment donné,
on décide qu’un certain type de contact, peut générer en nous une sensation ineffable,
si vous persister avec cette idée chevillée au corps,
si on s’en fait une idée fixe qu’on va creuser et encore creuser,
eh bien à un moment donné, cela va commencer à fonctionner
et de plus en plus

on est en train de gagner la complicité de son corps,
à force de persévérer, nous avons acquis sa complicité dans la poursuite de cette idée fixe,
le vrai miracle est là,
c’est que notre corps peut cela,
en réalité, il est ouvert à toute proposition de plaisir, de volupté, d’extase, d’émoi, de félicité
si elle est suffisamment bien et longtemps formulée,
en fait il n’attend que cela, n’espère muettement que cela

notre chair peut être moulée à notre désir,
à nos fantasmes les plus intimes, les plus inavoués
dont nous avions même pas conscience, que nous découvrons au fur et à mesure
car elle a le potentiel de répondre à toutes les propositions émises vers elle,
encore faut-il avoir l’audace et la ténacité de les formuler

les dieux nous ont abandonné depuis belle lurette,
reste quelques rares points de repère,
notre chair, par exemple,
peut-être le plus immédiatement accessible,
peut-être le plus porteur d’horizon lointain constamment à notre portée,
nous tendant fugitivement des territoires exotiques, inconnus
que nous passons parfois une vie à vainement chercher aux quatre coins du globe
le seul dont on peut être sûr jusqu’à sa mort

ce temple sanguinolent aux mystères abyssaux
mérite bien une ardente dévotion de notre part,
au moins ponctuellement, devenir autel, devenir offrande,
offrande soulevée par le désir dans le vide,
remplir l’espace de notre momentanée incandescence