#38783
bzo
Participant

peut-être chez les femmes, ce mécanisme est inné, instinctif,
on dit qu’elles s’abandonnent, elles semblent loin, très loin,
goûtant le plaisir quelque part dans une galaxie lointaine,
elles semblent avoir laissé leurs pensées loin derrière elles,
vivant le plaisir dans leur corps, partout dans leur corps,
en totale écoute de ce qui s’y éveille, de ce qui s’y fomente, de ce qui y bout,
de tous les côtés

cette partie du mécanisme, de laisser ses pensées derrière soi,
de sortir en quelque sorte de sa tête pour aller goûter les sensations un peu partout dans son corps,
est tellement fondamental,
nous autres hommes, nous pouvons aussi y arriver,
il s’agit de bien comprendre ce qui se passe et de s’exercer patiemment pour acquérir cette faculté,
que cela devienne un automatisme chez nous aussi,
un automatisme de nous relier à notre corps, de nous immerger en lui,
d’être avec lui, en lui, le plus possible à tout moment durant l’action,
que notre tête et notre corps, en quelque sorte, ne fassent plus qu’un,
que la communication soit totale entre eux,
comme s’il n’y avait plus aucune cloison, qu’ils ne forment plus qu’une seul entité

plus vite dit, plus vite écrit, que fait bien sûr
mais le premier pas est et sera toujours, d’arrêter ses pensées momentanément
et d’essayer d’aller à la rencontre de ce corps en plongeant en soi,
et d’écouter, d’écouter ce qui se passe,
si vous avez conscience de cela et que vous persévérez avec ce premier pas,
vous allez commencer à progresser,
vous allez commencer à acquérir une complicité de plus en plus grande avec votre corps

mais ce n’est qu’un premier pas, bien sûr et il faut encore bien d’autres derrière
avant que vous ne viviez en immersion totale pendant de longues minutes,
comme si vous étiez en plongée avec un scaphandre entre vos organes, parcourant vos membres,
vivant la houle dans votre bassin comme si vous y aviez été entraîné irrésistiblement

déjà les premières fois que vous allez vous forcer à arrêter vos pensées,
elles vont revenir très vite au galop
car c’est leur antre, notre tête, leur tanière,
elles y ont leurs petites habitudes, leurs prérogatives,
on ne leur dit pas simplement comme cela d’aller se coucher dans un coin,
elles vont toujours revenir daredare, dans un premier temps en tout cas,
comme si elles étaient au bout d’un élastique étiré, qui se détend, qui revient vers nous

nous voilà donc quelques instants avec aucune pensée dans la tête,
c’est une sorte de petit vide un moment, de petit blanc, on ne sait pas très bien quoi faire,
cet espace pourtant un jour, sera notre plaine de jeu,
on s’y sentira à l’aise, on y aura ses habitudes, ses réflexes,
on y batifolera follement, éperdument, passionnément,
on y vivra de grands moments de total abandon où les sensations se rueront vers nous de tous les côtés
tandis que le désir pilotera notre corps en roue libre

donc ce premier pas, encore et toujours et puis aussi se mettre en action, démarrer ce qu’on fait d’habitude,
essayer de pratiquer un peu automatiquement, sans s’emballer, calmement,
même si rien ne se passe dans un premier temps, peut-être qu’on fera un peu n’importe quoi,
qu’importe

essayer de bien écouter ce qui se passe en soi, oui de bien écouter,
se mettre à la disposition de son corps
essayer d’aller à la rencontre de cette grande muette en nous,
le fait est qu’il fait un tintamarre du tonnerre à chaque instant
mais que c’est nous qui ne savons plus l’entendre,
regardez un bébé, il n’entend que cela, le boucan que fait son corps en lui à tout instant

le désir est un élan qui s’éveille en nous,
qui s’écoule d’abord comme un mince filet puis qui grossit de plus en plus, prend de l’ampleur,
enfin qui court comme un torrent indomptable, à travers nous,
s’habituer de plus en plus à le suivre au plus près avec son corps dans l’instant,
sans réfléchir, sans penser, juste en écoutant, juste en percevant, juste en ressentant,
juste en se laissant aller, juste en se laissant emporter, juste en se laissant démonter

les énergies se mettent à jaillir de plus en plus fort dans notre chair
pour ceux qui sont prêts à les accueillir,
nos abysses ne les prêtent qu’aux riches, aux riches en abandon de soi,
ne plus être qu’une feuille morte sur des eaux de plus en plus dansantes