#38857
bzo
Participant

quelques instants après déjà,
je ne parviens plus tout à fait à y croire, à ce que j’ai vécu
mais non, mais oui, ma chair en tremble encore de toutes parts
mais non, mais oui, j’ai encore comme des coulées de lave chaude, de lave douce, dans le bassin
mais non, mais oui, je sens encore mon souffle court, mon souffle haletant
mais non, mais oui, dans ma gorge les fantômes de mes gémissements, de mes râles
dans mes veines, les traces de la formidable exaltation
mais non, mais oui, me sens encore comme possédé, me sens encore comme dépossédé
tout mon être habité d’un bien-être surréel,
tout mon être habité d’une sensation d’épanouissement sublime, d’accomplissement dans l’instant

mais non, mais oui, je viens encore de vivre de ces moments rares,
de ces moments qui me rappellent irrésistiblement
comme la vie peut soudainement se révéler incandescente, sublime, hors normes,
comme un trésor miroitant, loin de toute contingence, loin de toute platitude,
de ces moments pourtant qu’on oublie quelques instants après comme s’ils n’avaient jamais existé

je terminerai peut-être ma vie les poches vides, des habits élimés sur le dos
mais au moins j’aurai expérimenté de la profondeur sublime qu’il y a en nous,
mais au moins j’aurai expérimenté les capacités de jouissance et d’extase sans limites, enfouies en nous,
peu de choses ici-bas, valent vraiment la peine, valent autant la peine
et sont en même temps aussi fugaces, inutiles, ne laissant aucune trace, en apparence,
juste qui nous a fait déterrer pour un moment toute la passion, toute l’exaltation amoureuse,
toute l’ardeur et toute la tendresse dont on est capable,
faisant de nous un instant un arc tendu entre l’animal et le divin
vibrant de toute sa longueur