#38913
bzo
Participant

la vérité,
c’est que les pensées peuvent chercher à tout instant à se mêler à l’action,
particulièrement quand cela ne fonctionne pas tout à fait comme on voudrait,
qu’on est dans le creux d’une vague
parfois même quand tout va bien, qu’on baigne dans un plaisir intense, riche, varié

la plupart du temps, je fais royalement la sourde oreille de tout mon être,
les pensées arrivent comme des intrus, empêcheurs de tourner en rond,
l’une d’entre elles a déboulé, tout d’un coup est là,
mais là voilà déjà l’instant d’après comme entraînée au loin, comme avalée par le vide,
comme si elle avait rebondi sur une cuirasse qui l’a rejetée au loin

elles cherchent en fait avant tout,
ces intruses qui rapidement voilent notre perception des sensations,
je l’ai compris dernièrement,
une sorte d’automatisme brisé, un lien avec notre personne qu’elles avaient,
un pouvoir régalien sur notre réalité de chaque instant,
dans la vie courante, une pensée arrive, suggérant ceci ou cela
et soit vous allez automatiquement accomplir l’acte proposé,
boire de l’eau par exemple parce que vous vous êtes rendu compte que vous avez soif,
vous lever pour aller aux toilettes parce que vous en avez senti le besoin,
ou bien alors plus en rapport directement avec l’action durant une séance,
vous tournez dans le lit, pousser plus fort le masseur, vous caresser le téton,
faire ceci ou faire cela, etc.,
soit vous allez vous mettre à peser le pour ou le contre de la suggestion quelques instants

de fait, cette pensée qui est apparue soudainement,
va occuper toute la place, soit en se commutant en acte dans la réalité physique de notre vie,
soit en occupant nos réflexions pendant un temps plus ou moins long

c’est ce lien de cause à effet qu’il faut arriver briser
et briser encore et encore inlassablement durant la séance
pour donner l’occasion à autre chose de s’installer aux commandes,
ne plus être mené par rien, par rien d’autre que le désir,
sentir en soi une sorte d’élan primaire
où le corps, les instincts, les pulsions, se retrouvent comme sur le devant de la scène,
sentir en soi qu’on est comme en contact direct avec sa chair,
interagissant, communiquant, écoutant tout ce qui se passe, partout,
tout un monde insoupçonné, grouillant muettement dans nos profondeurs d’habitude,
est ainsi libéré et s’active

un espace fragile s’est créé en nous,
un espace comme en suspension entre le corps et la tête, le visible et l’invisible,
entre des forces mystérieuses en nous et puis notre viande, notre sang, nos os, nos nerfs,
un espace plaine de jeu, un espace décollage à la verticale, un espace drogue sans drogue,
un espace de dérèglement absolu où nos sens peuvent partir complètement en sucette,
un espace où plus aucun tabou n’existe,
un espace où l’on peut devenir femme, homme, femme et homme, aucun des deux,
un espace où notre coeur, nos tripes, ouvrent leurs trappes les plus secrètes
où notre réalité peut se transformer comme si des rideaux s’étaient ouverts sur un autre monde,
injection massive de ciel, injection massive d’ineffable, injection massive d’incandescence,
injection massive d’animalité, injection massive d’un peu du noyau de la terre