#40727
bzo
Participant

sous ma couverture, je commence à bouger, je me réveille peu à peu,
enfin plutôt, suis réveillé par des sensations agréables un peu partout,
mon petit robinet et mes deux boules hirsutes, légèrement compressés, par mes cuisses,
au moindre mouvement, diffusent de cette chaleur liquide, soyeuse, vibrante
qui semble se répandre de plus en plus si je persiste à me mouvoir,
je m’étire, je me laisse aller, je me cambre légèrement, je gémis,
ma petite musique toute personnelle, produite par mes entrailles

mon dieu, comme c’est bon, le plus léger mouvement, provoque une inondation tellement délicieuse en moi,
je me caresse, j’ondule, je vibre, mes génitaux semblent ronronner, je gémis de plus belle,
suis ému, suis ému à chaque fois de tout cela, d’être capable de tout cela,
de communier ainsi avec mon corps,
de se sentir tout d’un coup plus vaste, beaucoup, beaucoup plus vaste,
de se sentir tout d’un coup, grouillant de vie, comme un immense bazar en moi, grouillant, vibrant, de vie,
on m’a téléporté sur un autre continent,
empli de chaleur, de vibrations, de mystère, d’exotisme,
tour à tour, de volupté raffinée, d’animalité la plus crue

comme j’ai appris à l’aimer, ce corps, ces dernières années
mais ça n’a pas toujours été comme cela,
je dois l’avoir détesté à certaines périodes de ma vie
mais la plupart du temps, il était juste mon véhicule que je menais sans ménagement et sans égards,
j’en paie le prix fort aujourd’hui,
plus de sport possible à cause d’une jambe gauche dont je peux être content qu’elle me porte encore
mais plus question de lui demander de courir, de sautiller
(sautiller, je pense ici à l’électro que j’ai découvert dernièrement,
j’aurai tant aimer vivre la transe par la danse que propose ce genre de musique,
je sens là une possibilité de communier autrement aussi avec ce corps)

puis peu à peu, mon véhicule, j’ai commencé à en prendre soin
mais certains dégâts étaient déjà là, assez irréversibles,
après, le yoga, merveilleux, magique, yoga,
des premières tentatives de contact avec ce corps, de me rapprocher avec lui
mais j’ai du arrêter à cause de mes problèmes physiques multiples

cependant, cela a vraiment pris une tournure sérieuse quand j’ai commencé à pratiquer le massage prostatique,
de découvrir qu’autour de cette petite cellule dans ma tête dans laquelle je vis,
dans cette masse de chair, de sang, d’os et de nerfs, il y avait tout un univers explorable
que j’y étais aussi, que c’était aussi moi,
que je pouvais le ressentir, le vivre, avec une totale proximité, au moins ponctuellement, durant les séances,
ça a été un immense cadeau, inespéré, une bouffée d’air frais comme un tapis magique,
c’est vraiment comme si on découvrait la caverne d’Ali Baba, en soi

à perte de vue, un territoire en moi, à perte de vue,
un territoire à moi mais aussi pas à moi, j’ai découvert depuis,
j’ai l’impression de plus en plus, de le partager avec des forces en moi,
qui sont en moi, à qui il appartient autant qu’à moi,
c’est de la copropriété, au fond, ce corps

fais partie aussi de la magie, le fait de sentir l’union entre le yin et le yang,
comme un coeur qui bat, comme un coeur qui pulse, dans mon bassin,
je sens comme un sexe de femme et un sexe d’homme, en moi
collés l’un à l’autre, se frottant, se pressant, l’un contre l’autre, l’un dans l’autre,
c’est là dans mes profondeurs, c’est mon noyau, mon petit noyau à moi,
vibrant, diffusant, répandant, comme une féminité rayonnante partout en moi,
là encore, la vastitude est éblouissante,
la vastitude des nuances forme comme une mer dansante en moi