#40794
bzo
Participant

vivre le yin dans ce corps, le faire résonner sexuellement un peu dans ma chair,
cela me suffit, le moment est réussi, sublimement réussi, même

c’est vivre une version inédite, une version différente, de soi-même
qu’on a montée de bric et de broc oubliés, trouvés au fin fond de la cave,
montés un peu n’importe comment, sans plans, sans aucune idée du quoi et du comment
et puis un jour, miracle, tout cela s’est mis à fonctionner,
de mieux en mieux même, au fil des jours,
jusqu’à devenir cette mécanique bien huilée, splendidement puissante, démarrant au quart de tour
et exprimant toute la richesse et les nuances possible de son programme initial

oh oui, juste vivre quelques instants comme cela,
c’est comme faire fonctionner son corps dans une langue étrangère,
dans laquelle on a appris à se débrouiller de mieux en mieux,
l’instant devient miraculeux parce que c’est à la fois nous et pas nous,
l’instant devient miraculeux parce que cela fonctionne jusqu’au plus profond de son être,
que cela vit, que cela s’émeut, que cela bouge, que cela s’excite,
que cela s’excite même de plus en plus, que cela jouit,
oh oui comme cela jouit, cela jouit interminablement, de toutes parts, de partout

le monde entier semble s’être donné rendez-vous dans ce corps, pour jouir,
les chutes du Niagara tout particulièrement
mais à l’envers, vers le haut

louée soit la versatilité sublime de ce corps,
sa ductilité exemplaire, ses ressources infinies,
louée soit sa capacité de vivre toujours plus l’incandescence de l’instant