#41057
bzo
Participant

le mode yin crée une brèche délicieuse dans notre chair

c’est d’abord, une ouverture, à peine,
le chas d’une aiguille, vaguement quelque part, qui démange un peu
puis cela grandit, cela se creuse, est de plus en plus prononcé,
se met à vibrer par moments, à être parcouru de frissons de chaleur

finalement, elle vient prendre sa place, avec ostentation, dans notre bassin,
c’est désormais comme si on était assis sur une béance délicieuse,
qui se plie et se déplie, qui se chiffonne plutôt et qui se déchiffonne,
semble un peu changer de taille et de forme, sous nous, au moindre mouvement
si on y fait attention

c’est un peu comme un papillon qui sort de sa chrysalide, en mode express, en mode accéléré,
ouvre ses ailes un peu, les referment, les réouvrent, les referment, les fait frissonner
et déjà retourne dans son cocon,
s’est envolé entretemps, un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout

juste bourgeonner un peu sur place, goûter à l’air,
s’imbiber un instant de soleil et de vent

une béance à travers laquelle tout un univers semble prêt à surgir, parfois,
semble se bousculer au portillon, s’y presser en désordre,
les ailes sont alors prêtes à s’ouvrir en grand, un instant,
à faire entrevoir leur chatoiement multicolore,
irrésistiblement tendre, velouteux, frissonnant

le mode yin, c’est le royaume de la courbe,
elle devient reine, elle devient roi, pour un moment, en nous,
elle s’installe partout, dans le moindre de nos gestes, dans le moindre de nos mouvements,
dans notre respiration, dans nos gémissements

sous nos doigts, la courbe s’anime, elle devient danse, entre en contact avec la peau
mais ce qu’elle préfère avant tout, c’est le bassin,
là elle peut se démultiplier à l’infini,
devenir océan,
la courbe mouvante, la courbe puissante, la courbe sur son trône,
la courbe dansant sous l’horizon

la courbe filant en l’air aussi, le chant du vent
qui passe un instant en nous
qui a fait le tour du monde,
depuis la nuit des temps
qui tourne, qui tourne

la pyrotechnie du moment,
que jaillisse Versailles,
que jaillissent les fontaines d’énergie,
que jaillisse le palais illuminé,
que jaillisse les ombres dansantes à toutes les fenêtres