(texte écrit ce midi sur ma machine de travail)
je prends un petit break de mon travail qui a été ce matin, assez prenant,
je me lève, m’assieds sur le bord du bureau, le cul un peu dessus,
ferme les yeux, me détend, me laisse aller,
commence comme à glisser soyeusement en moi-même
je pose les doigts quelque part sur ma poitrine,
frotte lentement, doucement, avec les paumes, tourne un peu avec, erre,
déguste les brefs feux de paille sous ma peau qui s’éveillent sur leur passage,
agace un instant les pointes des seins
mais déjà mes mains se dirigent lentement, chacune, vers l’épaule opposée
comme si je voulais m’enlacer, m’enlacer très tendrement,
comme j’aime avoir les bras croisés ainsi, de longs moments, sans plus bouger,
vibrer entre mes propres bras, me lover entre mes propres bras,
me sentir comme deux amants, collés l’un à l’autre,
goûtant juste la présence de l’autre
juste communier tranquillement, doucement, par moments, suffit déjà
souffle intemporel, calme, dans ma chair,
la chaleur de l’autre, injectée en moi, à forte dose,
sauf que moi, je l’extirpe de mes profondeurs
ma peau est de plus en plus veloutée, sur le passage des doigts,
ondulations ineffables dans mon bassin, de plus en plus,
comme j’aime me sentir ainsi,
comme si mon corps d’homme était aussi en même temps, un corps de femme,
durant l’action
derrière mes yeux fermés,
tout un paysage à perte de vue de vibrations aux multiples nuances colorées
comme les lignes dansantes d’un oscilloscope