#41459
bzo
Participant

après-midi dans la forêt, températures pas loin des 30°, sur Bruxelles aujourd’hui,
premier jour de vraie grosse chaleur de l’année

plongeant le regard vers le haut dans le feuillage
de ces immenses hêtres et chênes de la forêt de Soignes,
impression irrésistible d’être immergé dans un tableau de Cézanne,
tellement les feuilles et la lumière semblent complices, semblent se répondre,
tout semble relié dans l’invisible, les troncs des arbres, le moindre bout de ciel,
un oiseau qui passe comme une flèche dansante

chez moi, durant une de mes séances,
je fais monter des choses de mes profondeurs,
j’ai beaucoup creusé pour cela,
pour que cela puisse arriver, pour que cela coule à flot
mais là, dans la forêt,
tout semble être monté depuis toujours à la surface,
attendant qu’on cueille cette écume précieuse

pour tout dire, la profondeur et la surface, semblent se confondre
s’étaler en plein jour, au vu de tous,
nous marchons parmi tout cela,
parmi tout ce mystère qui s’étale en permanence paisiblement devant nos yeux,
juste une sorte de paroi de verre semble nous en séparer, j’ai parfois l’impression,
on voit au-travers, on devine les trésors, on parvient à un peu les caresser du regard,
mais on ne parvient pas vraiment à s’en imbiber,
à s’y immerger des pieds à la tête

pourtant dès que je m’arrête, le silence semble commencer à s’épaissir,
je reste bien immobile à un endroit, je m’assieds pour cela
et je sens la densité du silence, de plus en plus
qui semble comme combler peu à peu l’espace qui me sépare des arbres

parfois l’impression qu’il suffirait d’un rien
pour que je me mette à flotter comme sur une espèce de Mer Morte dans l’invisible,
un lent courant m’entraînerait vers le premier grand chêne venu,
je me collerais à lui,
sentirais mes énergies et ses énergies comme fusionner

enfin ce serait plutôt de l’ordre d’un tout petit ruisselet
qui irait se jeter dans un immense fleuve,
la forêt attend les hommes depuis toujours,
pas juste leur corps de chair et de sang marchant parmi les arbres,
non, eux, tout entier, avec tout ce qu’ils portent de mystère en eux,
la forêt les attend pour une conversation immémoriale