#41668
bzo
Participant

dans la forêt, très régulièrement, j’ai cette impression de me retrouver devant un tableau
une envie irrésistible de m’arrêter,
comme on s’arrête dans une exposition devant une peinture pour l’étudier, plonger le regard dedans,
en inspecter longuement les détails

je me suis acheté ce soir même, en ligne, un tabouret pliable ultra-léger,
avec une lanière pour pouvoir le transporter sur le dos, c’est pliable et dépliable, en quelques secondes,
cela va me permettre de m’asseoir à peu près partout, pour admirer quand je veux, où je veux,
au bord des étangs aussi,
avec tous ces canards paisibles, ces cygnes, ces hérons,
je vais m’incruster parmi eux

ce bien-être qui m’a envahi directement, dès que je me suis retrouvé, entouré par les arbres de la forêt,
il y a quelque chose de matriciel là-dedans, on est là comme dans un ventre maternel,
on est en train de naître ou du moins, de renaître un peu

la vie et la mort, par ici, sont tellement entrelacés et ce n’est pas triste pour un sou,
tout ce qui gît par ici, de tous les côtés, a vécu un instant,
cela semble un relai éternel, on est dans l’ordre immuable des choses jusqu’au cou,
les canards vaquent tranquillement au fil de l’eau,
leur temps viendra de se tordre quelques instants en quête encore d’un peu d’air qui n’arrive plus,
qui n’arrivera plus jamais pour eux,
en attendant, ils vaquent tranquillement à leurs affaires sans se soucier de quoi que ce soit

dans nos cités, on a éloigné la mort, on ne marche plus parmi elle,
elle ne côtoie plus la vie au plus près comme dans la forêt,
on est entouré que d’objets manufacturés, artificiels, ni vivantes, ni mortes,
mais de retour parmi les arbres, on est frappé à quel point la mort est présente par ici,
c’est un immense palais avec des briques constituées de deux matériaux différents,
la vie et la mort
et je déambule avec délice dans ses couloirs,
comme ils résonnent mystérieusement

par moments, dans le silence quand je m’immobilise un peu longuement,
quelque chose semble prêt à me happer,
un jour, cela arrivera, ce sera une fête,
je festoierai avec les arbres, les oiseaux, les plantes, le soleil, la lumière, le vent

je me suis immobilisé sur un chemin car un minuscule écureuil s’approchait,
je restais bien immobile comme une statue, l’adorable bestiole, s’est rapproché à un mètre à peine,
quelle grâce, tous ces animaux,
j’ai vu un pivert aussi, il tapait contre le tronc d’un grand pin, à quelques mètres à peine du sol,
j’ai voulu me rapprocher un peu mais il s’est directement envolé,
du coup, ce soir, je me suis commandé des jumelles aussi,
faut s’équiper, faire tout cela sérieusement