cela fait maintenant des semaines que je n’ai plus éjaculé,
c’est comme un investissement à haut rendement, cette histoire
et cela rapporte de plus en plus,
les actions de ma libido grimpent en flèche, au fil des jours
je reste de longues secondes, debout,
juste à me frotter lentement les bijoux de famille avec les cuisses,
tout en ondulant un peu latéralement,
jusqu’à ce que je sois envahi d’une volupté indicible un peu partout,
alors j’écarte les cuisses et fais monter une première contraction,
de la prostatique, cent pour cent pure, ainsi,
en contraste avec toutes ces ondes génitales qui vibraient partout en moi,
cela fait comme un engin très dense, très têtu, qui s’élance depuis la zone de mon anus,
droit vers le haut, cela devient de plus en plus chaud,
la chair semble se mettre à fondre sur son passage
je maintiens la contraction longuement, juste jouant un peu sur la pression,
pour provoquer des effets, des nuances, je bouge un peu le cul, très indécemment,
je crois que j’aime plus que tout, cette sensation de me pénétrer moi-même,
elle est devenue tellement réaliste, j’en jouis presque, rien que d’y penser,
j’ai l’impression de sentir immédiatement en moi ce délicieux empalement
autour duquel se forme comme un bouquet immense dans ma chair
je m’ouvre vers le ciel, je m’étale sur l’horizon,
je me sens butiné de toutes parts,
quel capital et qui gonfle jour après jour,
toutes ces énergies qui s’amplifient,
c’est mon trésor, je le fais fructifier
les ondes deviennent tellement fines et précises ainsi,
si je pouvais glisser un doigt en moi, je pourrais les suivre à la trace,
tellement je les sens localisées en moi, tellement je sens leur déplacement,
leurs changements de direction, leur montée en puissance
le sexe, ce sont des ailes, la viande devient des ailes,
mon coeur bat à leur rythme, dans ces moments-là,
il me reste une plume ou deux, duveteuses, tombées, quelque part au fond de l’oeil,
qui témoignent de leur passage, de la sublime transmutation,
du chant du vent dans mon sang,
l’air le plus libre est passé par là, un instant, m’a porté, m’a emporté