#41766
bzo
Participant

debout, nu, au milieu de la pièce,
mes bras, tour à tour, croisés sur la poitrine,
comme m’enlaçant avec passion,
ou alors, les doigts partis en balade,
comme j’aime tellement le faire ces derniers temps,
c’est-à-dire, juste les dernières phalanges
ou alors même, rien que les bouts,
glissant sur la peau,
effleurant à peine, par moments

comme ma peau chante au moindre contact,
quel bonheur de vivre un corps réactif à ce point,
le moindre, geste, le moindre mouvement,
provoque tellement de vagues

du coup, j’y vais vraiment piano, piano,
pianissimo, molto lento, lentissimo,
pas besoin d’en faire plus,
que la symphonie monte très progressivement,
j’étire chaque millimètre de la piste de décollage, autant que je peux ,
pour en extraire la moindre nuance, le moindre changement de coloration,
quel carrousel dans ma chair,
cela tourne comme un manège sexuel enchanté

sentir ce corps vibrer à ce point,
réagir avec une telle amplitude à chaque instant,
cela devient une expérience quasi mystique,
on se sent totalement béant,
ouvert sur de l’inconnu en nous, en phase avec,
comme un avion qui se ravitaille en plein vol,
on est connecté au plus intime de nous-même,
aux sources les plus secrètes, les plus ardentes

ma chair exulte, se colore, tellement,
l’expression, s’épanouir, prend tout son sens,
j’ai l’impression d’avoir des bottes de vingt mille lieues,
des ailes immenses, colorées, bigarrées
qui se mettent à battre tout doucement,
c’est une caresse infiniment douce, l’air est à peine remué,
élévation irrésistible d’un mouton noir, d’un diable parmi les anges,
rêve éveillé de la chair, hors de tous les sentier battus,
grésillant à pleine puissance