#41926
bzo
Participant

le Traité d’Aneros propose le plaisir sous forme d’une espèce de méditation,
pour reprendre une description qui revient régulièrement sous la plume d’ @andraneros,
un plaisir intense, unique, reproductible à l’envi,
on se détend, on fait le silence en soi,
le corps devient une sorte de chambre d’écho
qui amplifie le dialogue qu’on parvient à établir dans sa chair avec sa prostate

ma façon de pratiquer, n’a rien à voir avec cela, pas une once de méditation, chez moi,
non pas que j’ai quelque chose contre, loin de là,
j’ai pratiqué le yoga pendant des années, bien que c’était une forme très active de yoga,
de la méditation en action, comme on lit à propos de cette école de l’ashtanga yoga
mais des problèmes physiques m’ont contraint à abandonner,
il n’y a pas un jour où cela ne me manque pas

non, ce que je recherchais à partir d’un certain moment de mon évolution,
ce que mon instinct me murmurait de plus en plus,
c’est qu’il y avait moyen de vivre l’action durant une séance, tout à fait autrement,
comme si on était engagé dans un acte sexuel avec soi-même,
développer une gestuelle, des postures, des mouvements
qui évoquent irrésistiblement l’acte

la clef pour y arriver, tout seul dans son coin,
c’est tourner le désir vers soi-même,
c’est cela le mécanisme spécifique, le “truc spécial” qui permet d’accomplir cela,
on met en route le mécanisme du désir et avec tout son barnum magique,
le diriger vers soi comme si on était le corps d’une autre

ce désir qui s’éveille si on voit un ou une partenaire, s’offrir à notre regard, à notre toucher,
s’offrir à nos mains, s’offrir à notre sexe,
qui s’enflamme quand on entre en contact avec la peau de l’autre,
qu’on sent contre nous, sa chair plein de chaleur, pleine de vie,
qu’on sent ses gestes, ses mouvements, tout contre nous,
sa sueur, ses odeurs, ses humeurs, ses gémissements, ses cris,
notre désir s’emballe, notre désir nous propulse dans la stratosphère,
nous fait vivre des moments uniques, ineffables

ce désir, donc,
on peut le retourner vers soi et le pousser à se mettre en route de la même façon,
avec les mêmes réactions, à démarrer les mêmes mécanismes que si on était avec quelqu’un d’autre,
seul, on a toujours au moins un corps a notre disposition,
c’est déjà assez, il y a déjà bien assez de ressources là-dedans
qui peuvent monter, qui peuvent se déployer,
provoquer en nous les mêmes effets que si l’on était avec quelqu’un

le même enflammement, le même emballement,
au contact de notre propre peau, de nos propres membres, de notre propre anus, de notre propre sexe,
de nos propres mouvements, de nos propres gestes, de nos propres gémissements, de notre propre odeur,
qu’on devienne délirant de plaisir sous nos propres caresses,
qu’en effectuant des contractions, des mouvements de va et vient,
on ait cette sensation incroyable d’être en même temps, pénétrant et pénétré

tout cela est possible car on peut retourner le désir vers soi
le désir et son cortège tellement haut en couleurs, bruyant qu’il entraîne avec lui,
tout cela est à notre disposition, aussi tout seul,
nous avons tout ce qu’il faut en nous pour cela,
un pôle mâle et un pôle femelle qui peuvent commencer à interagir
et à nous faire ressentir des sensations sur tout le spectre possible, du masculin au féminin

ainsi nous pouvons parvenir à ressentir la pénétration
comme si nous étions aux deux bouts du sexe en action,
ressenti de la pénétrée et ressenti du pénétrant, fondus en un flot,
domination très nette, cependant, du ressenti de la pénétrée
car la puissance et la richesse, se trouvent de ce côté-là

être dans la réception, être réceptacle ardent, être dans l’accueil des énergies,
dans l’ouverture, la souplesse, puissantes, le don, l’abandon, la courbe, l’ondulation,
c’est être berceau de l’océan