#42020
bzo
Participant

hier soir, j’ai eu un gros coup de pompe, le genre qui pèse des tonnes sur le cerveau,
aussi je me suis endormi à une heure tout à fait inhabituelle pour moi, 23h,
j’ai fermé la boutique aussi vite que j’ai pu et me suis écroulé de fatigue dans mon lit

résultat, ma nuit a été tout à fait différente
que quand je me couche vers 2, 3 heures du matin, comme je le fais depuis des années,
le rythme de mes rêves, le nombre de fois que je me suis éveillé,
tout était bouleversé, tout était inhabituel et pas très agréable, je dois dire,
je n’ai pas eu de cauchemar mais c’était constamment désagréable, assez sinistre,
c’était vraiment limite limite, par moments

et à part les innombrables petits moments de plaisir
que mon corps me propose automatiquement chaque nuit,
quelques courts moments de caresses, de pression de mes cuisses sur mes génitaux, d’ondulations, de contractions
qui ne durent que quelques secondes,
je ne peux pas dire que ce fut un grand succès, rêvastiquement parlant

je me suis décidé finalement à me lever vers 7h,
pas grand intérêt de prolonger ce sommeil dont l’essence n’avait pas sa richesse et sa exubérance jouissive habituelles
mais au moins, j’avais les batteries bien rechargées, je l’ai senti ce matin,
fait surprenant, en ouvrant ma fenêtre pour respirer un peu l’air matinal, la première chose que j’ai entendue,
ici, dans l’archi-centre de Bruxelles, entre les immeubles, ce sont des cris de mouettes,
étonnant

à part cette nuit, où cela n’a pas bien fonctionné, où il y a eu des grains de sable dans le mécanisme de mes rêves,
habituellement ils sont assez splendides, plein d’aventures incroyables,
c’est une seconde vie dont je raffole,
dans le texte au-dessus de celui-ci,
j’émets l’hypothèse que la suraccumulation des énergies grâce à la non-éjaculation,
les rendaient aussi de plus en plus puissants, omnipotents,
hier soir, je l’ai expérimenté plutôt à mes détriments

j’ai l’impression très distinctement de vivre deux vies,
une avec ce corps de chair, de sang, de nerfs, d’os, avec ce cerveau planté dedans,
accroché tant bien que mal dans cette réalité, gagnant ma vie, socialisant, vivant mon quotidien,
regardant des films, des séries, lisant, allant à des expositions, des musées,
me promenant, prenant du plaisir, beaucoup de plaisir,
définitivement libidineux à souhait,
avec une sexualité en solitaire mais exubérante, riche, épanouissante,
le désir bien implanté en moi comme une église au milieu du village

et puis une autre vie, quand je dors,
où comme par un sas, j’ai l’impression d’entrer dans une autre réalité,
tous les éléments de mon autre vie, sont encore là mais mélangés, selon des règles qui paraissent anarchiques,
les lois physiques, de la gravité, enfin plus rien de tout cela, n’a cours par ici,
il doit y avoir des règles secrètes, cependant, j’ai l’impression

tout est là, bien là, le monde extérieur, tous ses évènements
qui me sont arrivés à moi, à d’autres, ailleurs dans le monde,
tout y est,
aussi ma chair mais qui n’est plus chair,
mon sang qui n’est plus sang, mes nerfs qui ne sont plus nerfs

les forces les plus secrètes, de ce côté, dans cette réalité-ci,
celles qui alimentent ma vie sexuelle, qui en sont le carburant, la ligne d’horizon, les perspectives infinies,
qui alimentent aussi mes émotions
quand je frissonne, quand je suis bouleversé, de fond en comble
quand je lis un livre, par exemple ou que je regarde un film ou une série
ou que je m’extasie de longues minutes devant un tableau de Picasso ou de Van Gogh
mais aussi quand dans la forêt, quand j’essaie de vibrer avec les arbres, de communiquer intimement avec la nature

ces forces secrètes en moi donc,
là-bas, de l’autre côté du sas, quand je dors, quand je rêve,
elles semblent omniprésentes, mélangées à tout le reste, barbotant librement avec tout le reste,
dans le même aquarium, le même fond d’océan,
elles sont montées en masse, elles se sont dispersées, agglomérées à tout, amalgamées à tout

il y a une sorte de monde en danse permanente,
danse dont les pas me sont inconnus, dont le rythme semble immémorial,
je suis déjà passé par là, peut-être, de nombreuses fois,
peut-être même là-dedans, il y a le résultat de plusieurs vies, d’innombrables morts

tout cela est passé au mixer constamment, le rêve passe comme un kaléidoscope mystérieux
et déjà je suis poussé vers la sortie chaque matin, tout s’envole en fumée
malgré mes efforts de garder quelques brins, quelques morceaux de rêve, avec moi,
mon désir de les garder précieusement avec moi de ce côté, comme viatique,
comme des objets extra-terrestres récupérés miraculeusement,
comme preuve de l’existence d’autre autre monde,
de mon autre monde dans lequel j’existe, dans lequel j’ai une vie,
pouvoir les soupeser un peu, les retourner longuement, les étudier, les analyser
puis les ranger précieusement dans un coffre dans ma mémoire

j’ai comme cela quelques souvenirs de rêve, ils me hantent sans fin,
comme les joyaux d’un autre monde, planté à jamais dans ma mémoire,
ils brillent d’un éclat mystérieux

j’ai ce souvenir de rêve, d’un arbre géant avec des branches qui s’étendent à l’infini,
vraiment tout le ciel et l’espace, tout le monde existant,
ne sont plus qu’un espace occupé par ses branches avec des feuilles
et moi, je vole au milieu de tout cela, je me pose de temps à autre, reprend mon envol

ce que ce rêve qui revient de temps à autre, sous une forme ou une autre, avec des variantes,
même une variante sinistre où je vole constamment au-dessus d’un cimetière,
où je n’arrive pas à m’en éloigner malgré tous mes efforts, je reviens toujours planer au-dessus,
a de remarquable,
c’est à quel point, à chaque instant, je sens mes ailes, à quel point l’ivresse de voler est omniprésente,
l’ivresse d’être débarrassé de la pesanteur, d’être capable de voler,
de sentir les muscles de mes ailes bouger à chaque instant,
de les sentir puissants, capable de me transporter dans les airs, de me faire décoller,
je sens dans mon rêve sur ma peau, le frottement de l’air qui augmente quand j’accélère

à quel point immédiatement, je suis capable de monter aussi haut que j’en ai envie
car les branches de l’arbre s’étendent partout, dans l’espace interstellaire ,
et je peux voler aussi bien dans le ciel près de la surface du sol
qu’en un instant, me retrouver à des années-lumière, entre les planètes,

l’arbre est partout, accueillant, protecteur, je peux me poser dessus à tout instant,
il me propose un monde de liberté et d’espace infini à découvrir entre ses ramifications