#42377
bzo
Participant

après une journée comme cela, dehors, à courir à gauche, à droite,
organiser avec ma soeur, l’entrée en maison de repos de notre vieille mère,
revenir enfin le soir,
je ne vais pas prétendre que c’est la même chose que de retrouver sa compagne ou son compagnon,
ce serait ridicule
mais tout de même, retrouver mon corps,
avec lequel j’ai réussi à établir une complicité, une proximité, tellement uniques,
retrouver ce contact intime et ardent avec lui
et puis basculer ensemble en mode yin,
c’est quelque chose aussi, vous pouvez me croire,
une autre version de moi-même,
quasiment comme une autre présence qui m’attendait à la maison

pas à côté de moi,
mais dans mon corps, comme si on habitait à deux dedans,
pas constamment, on alterne,
moi, mâle de 62 ans, le locataire depuis toujours, depuis la naissance
mais qui a peu à peu fait de la place aussi,
à une autre version de moi-même,
une version androgyne où mâle et féminin
sont comme deux pôles séparés, entremêlés dans ma chair
qui cherchent à s’unir toujours plus,
cherchent à provoquer des étincelles, à provoquer des étoiles

comme c’est bon d’abandonner le gouvernail,
de laisser juste le désir m’emporter,
de ne plus sentir les frontières et les limites de mon identité sexuelle,
juste vivre tout le potentiel de ma chair,
sans contraintes, ni restrictions

mon corps laboratoire, mon corps jungle à la faune et à la flore extravagantes,
mon corps arc en ciel, mon corps feu d’artifice, mon corps volcan,
mon corps continent, mon corps galaxie