#42631
bzo
Participant

se connecter à son corps, en définitive,
c’est juste se mettre à ressentir, au plus près de lui, avec lui
bouger avec lui, s’émouvoir avec lui, vibrer à l’unisson avec lui,
être pleinement dans l’instant avec lui

c’est parvenir à ressentir la pleine puissance
d’un quelconque contact sur notre peau,
effectuée par quelqu’un d’autre ou par nous-même,
peu importe, la peau a été touchée,
peu importe par qui,
que ce soit par la plus belle femme du monde ou la plus laide
par un homme ou juste par nous-même

nous avons été, tous, à un moment donné, des éponges à sensations,
il y a longtemps,
bébé, s’imbibant, sans aucune perspective, sans aucun recul,
de son environnement, de ce qui s’y passe,
le vent changeait de direction, cela nous affectait au plus haut point,
un bruit dans le lointain, cela nous affectait au plus haut point,
une odeur soudainement, cela nous affectait au plus haut point
alors un doigt qui nous touchait,
c’est la tectonique des plaques qui se mettait en mouvement

sentir, vibrer, avec son corps,
plongé dans l’instant, avec lui
sans aucun filtrage, sans aucun parachute,
sans aucune distance critique,
un éponge buvant le monde, de la tête aux pieds,
jusqu’au fond de l’âme

en action, on devrait être comme cela, à tout âge,
prêt à chavirer, prêt à être bouleversé, pour un rien,
le moindre contact d’un doigt posé sur nous,
devrait être une révolution, un séisme

retrouver la sensibilité totale, enfouie en nous,
plongé dans l’instant, avec notre corps,
être emporté comme un fétu de paille
par le tourbillon d’évènements l’assiégeant,
les tonnes d’informations se déversant en nous

fêter l’instant, le terrible instant, l’impitoyable instant,
comme il se le doit
sur ce lit de sang et de nerfs, mijotant à petit feu,
éponge vibrante, entrouverte comme un sexe,
pris en sandwich entre le monde et nos gouffres