je garde, pour l’instant, comme un petit feu de bivouac,
constamment allumé dans le bassin,
c’est si bon d’avoir ce mince filet de chaleur soyeuse, vibrante
qui me relie à mon corps,
qui me fait sentir sa proximité, tellement apaisante
c’est un peu comme un avant-poste d’intimité ardente
même quand je suis, comme maintenant, occupé à regarder une série
mais là en bas, je garde le contact,
je ne laisse pas les braises s’éteindre complètement,
je garde un petit nid de vibrations qui ronronne doucement dans ma chair,
qui m’évoque le grand barnum du délicieux dérèglement charnel
une part en moi, est prêt à se mettre en branle, est sur le qui vive,
n’attend qu’un signal de ma part
pour lancer tout le mécanisme,
des voiles de vibrations qui se mettent à voltiger dans tous les sens,
des volutes, des arabesques, de chaleur dansante,
la chair qui se transforme en miel soyeux,
fondant et fondant encore, sur place
je m’étonne souvent d’être encore capable de faire autre chose
que juste me laisser baigner dans le plaisir de la tête aux pieds,
m’immerger dedans, m’en laisser inonder, l’absorber autant que je peux, de tout mon être,
tellement c’est quelque chose de nourrissant, ineffablement,
la moindre de mes cellules
semblant téter à une pie secrète dans l’invisible
un nectar précieux, du noyau même de la vie