#42976
bzo
Participant

nous sommes comme un tonneau des Danaïdes,
pour le plaisir,
il passe en nous,
jamais un instant, ne s’arrête

une fois que le désir s’emballe,
qu’il a déréglé nos sens,
que notre corps en feu, que nous sommes en roue libre,
il passe à travers nous, comme un cours d’eau dans l’invisible,
pour paraphraser Héraclite,
jamais nous ne baignons dans la même eau

c’est bien pour cela qu’il nous parait toujours neuf,
parce qu’il est essentiellement cela,
quelque chose qui se renouvelle sans cesse,
qui est insaisissable en nous,
qui va de l’avant, depuis toujours
nous tendons, un instant, un miroir,
à quelque chose de mystérieux, en nous

c’est bien pour cela, qu’il faut, avant tout, faire attention aux détails,
à l’infinité des détails qui flambent un instant et déjà s’éteignent,
ce sont eux qui forment la tapisserie vivante, son essence même,
composée d’une multitude de nuances qui se tissent ensemble,
courent comme des vagues d’arabesques,
vibrent un instant dans notre chair et déjà s’évanouissent

là, dans l’instant, le nid ardent, le centre de la cible,
le creuset rougeoyant d’une forge,
c’est là qu’il faut s’installer, ne plus penser,
juste vivre l’instant, l’instant magique,
laisser son désir en roue libre

la vie passait en nous, encore inaperçue,
il y a quelques instants,
là, nous n’en perdons plus une miette,
nous la sentons grésiller dans notre chair,
nous la sentons vibrer en nous