je bouge, je me déplace, je m’arrête, je repars, je m’assieds, je me relève
tout le temps, le désir est en moi, libre de s’exprimer, comme il veut,
sans considération des frontières de l’identité sexuelle de ce corps,
qu’il parte dans la direction qu’il veut,
je le laisse danser ,
je le laisse, me transformer en sa dance
mes gestes fleurissent au passage, libèrent de brefs bouquets,
deviennent sinueux, doux, capiteux,
comme empruntant des arabesques langoureuses, dans l’invisible
ce n’est plus de la viande qu’il y a là-dessous,
pendant quelques instants
mais de la soie,
les innombrables vagues d’une mer de soie
mon corps chante,
me fait s’envoler en flots de notes,
dans les airs,
mes doigts organisent sous la peau,
des immenses troupeaux, en migration,
de feux de paille
enivrante complicité,
tendresse sans bornes,
envers soi-même,
il est temps de s’aimer,
de toutes ses forces,
de joindre sans réserves,
le geste à la parole,
de laisser ce corps se faire l’amour
comme cela lui plait,
d’accueillir le féminin,
comme le masculin,
sans rien rejeter,
sans rien retenir