notre corps est capable de tout
mais alors, de tout,
il faut juste lui faire comprendre ce qu’on attend de lui,
effectuer notre demande d’une manière qui soit lisible pour lui,
compréhensible pour la chair et tout ce qu’elle charrie en elle
nous le questionnons,
nous aimerions qu’il nous réponde,
il faut formuler notre demande, de manière intelligible,
à tout instant, il faut instaurer un dialogue
nous cherchons à agir sur la couche sensible,
sur la couche des émotions,
avant tout,
à ce qu’elles prennent des proportions épiques,
qu’un grain de folie y règne,
en fasse une cour des miracles où tout est possible
elles nous relient au monde, nous relient aux autres,
nous relient à nous-même,
sans la collaboration, sans la complicité, du corps,
nous n’en serons pas capable
avec,
tout est possible, toutes les folies sensorielles, sensitives,
jouissives, orgasmiques, extatiques
seront à notre portée
le monde sensible, le monde du ressenti,
est faite de vagues de tentacules
qui peuvent aller loin, tellement loin,
s’insinuer au plus profond de nous même,
comme s’insinuer entre les objets, entre les êtres,
s’insinuer en eux, même,
aller sonder leurs profondeurs
comment questionne-t-on son corps?
c’est bien sûr, la question,
la seule et unique qui compte
il faut mettre en place un langage commun,
en surface, il consistera de certains mouvements, de certains gestes
qu’on aura découvert
qu’ils sont comme des signaux pour le corps
mais intérieurement, c’est là que cela se passera avant tout,
le geste, le mouvement, seront associés
à une attitude de tout notre être,
à de l’ouverture, du relâchement, du lâcher-prise,
une disposition mentale
on ne peut pas juste envoyer des signaux physiques
et espérer que le corps réagira uniquement à cela,
il veut notre esprit, il a besoin d’une forme de collaboration de notre esprit
lui donner juste un geste, un mouvement,
une action avec un masseur ou une contraction,
cela reste une aumône négligeable pour lui,
cela doit être accompagné par une part immatérielle de notre être,
la tartine doit être beurrée et garnie,
pas juste du pain sans rien,
il est déjà rassis et partant en miettes,
avant même d’arriver au but
d’où la difficulté,
le geste doit être habité, le geste doit contenir une part de nous,
il doit être une offrande de valeur,
il doit comprendre une part de nous, du vrai nous,
alors le corps prendra la peine de réagir positivement
prendra la peine d’auto-injecter un petit grain de folie
là où cela peut agir, là où cela compte,
les règles dans notre chair, l’instant d’avant, qui semblaient d’airain,
s’en vont à vau l’eau, disparaissent,
le désir, folie momentanée, folie sacrée, folie titanesque
semble dominer de plus en plus ,
bouleversant toutes les charpentes et assises
du monde, en place, en nous et hors de nous,
bref, cela devient magique, pour un moment