#44241
bzo
Participant

cela faisait une demi-heure que j’étais réveillé,

une demi-heure que je n’arrêtais pas de jouir,

j’utilise ce mot de “jouir”

car c’est celui qui convient le mieux

pour décrire cette sensation d’ineffable  dans ma chair

 

une sensation, en même temps, extrêmement localisée

et qui, instantanément, semble se répandre, à tout mon être,

de fond en comble, jusqu’au fin fond de mon âme,

de l’ineffable, du soyeux, qui nage de tous les côtés,

une sorte de caresse intérieure, chaude, douce, légère

mais en même temps, tellement dense,

densément douce, doucement dense,

semblant tellement pénétrer partout et nulle part

 

chacun de mes gestes, de mes mouvements,

la moindre contraction, le moindre effleurement,

le moindre changement de position,

provoque un lent tournoiement de milliers de micro-tentacules soyeuses,

un mouvement dans un mouvement qui déclenche un autre mouvement,

un double, un triple, un quadruple, mouvement,

une myriade de mouvements

 

le yin, tellement envahissant et tellement envahi du yang,

lui bouge en elle,

ils bougent ensemble, en moi,

sans se préoccuper le moins du monde, de moi,

ils forment une cellule indivisible, frémissante,

pour l’instant, indépendante,

en mouvement en moi

qui déclenche une réaction en chaîne, de la part de ma chair

qui lui-même provoque une réaction en chaîne, de leur part,

ma chair interagit avec eux,

tellement de flux de vibrations, en mouvement,

ressentis

 

suis-je en train de jouir?

des mots, des mots, rien que des mots, des coquilles vides

mais le pouvoir suggestif, est là, j’espère

pour quelques instants, pour vous,

en vous

 

quoiqu’il en soit, me voilà dans l’obscurité, sur mon matelas,

me tordant doucement sur place,

me caressant, gémissant, râlant

 

le matériau que je caresse,

est tellement différent de ma chair, soudainement,

je me suis mis à caresser le matelas,

mais, en même temps, c’est comme si je continuais à me caresser, moi,

moi mais d’un matériau différent,

toujours moi, cependant,

moi, incandescent,

le matelas, semble une prolongation incandescente,

fait d’un autre matériau,

de moi-même,

 

désormais, j’étreins avec passion, le coussin,

je le presse, je le tords,

vous m’avez bien lu,

c’est plus fort que moi,

j’ai commencé à étreindre avec passion, le coussin

mais en même temps, c’est toujours moi,

un moi prolongé dans un autre matériau,

oh comme c’est ineffablement jouissif, ce moi qui semble se répandre,

me voilà de coton dense, trituré, malaxé, palpé,

ma viande, mon sang, mes nerfs,

sont de coton, trituré, malaxé, palpé, pour l’instant