#44768
bzo
Participant

la façon dont mon corps se laisse faire,

répond à toutes mes sollicitations,

réagit au quart de tour,

cela tient du miracle,

quand je pense à ce même corps, il y a quelques années,

à quel point, c’était la grande muette,

à quel point, les seules réponses que j’avais à des stimulations sexuelles,

étaient quand je me touchais ou qu’on me touchait, la queue

 

aujourd’hui, je peux m’effleurer n’importe où

et c’est comme si un grand hangar se mettait à résonner,

d’un objet qu’on a fait tomber dans un coin

ou encore comme une étendue d’eau,

dans laquelle on a jeté quelque chose,

des vagues en cercles concentriques, immédiatement,

s’en allant dans toutes les directions

 

il y a au fond de l’imagination,

je m’en suis rendu compte, en la scrutant bien,

une sorte de no man’s land, une zone floue,

constamment comme brumeuse, comme enveloppée d’un halo de mystère

qui semble avoir ses racines profondément enfouies,

dans la chair, dans le sang, les os

 

je vois cela comme une sorte de zone tampon entre le corps et l’esprit

par où des messages peuvent se transmettre,

par où peut s’établir un dialogue entre eux

 

faire taire son intellect durablement durant l’action,

rendre sa liberté à l’imagination, la désenclaver,

cette zone prend peu à peu vie,

commence à grouiller d’informations allant dans les deux sens

 

le corps se met à réfléchir,

l’esprit, se met à gambader dans les organes,

les muscles, le pénis, l’anus, les poils, les cheveux,

les gémissements