chacun de nos faits et gestes du quotidien,
je veux dire par là,
tous ces enchaînements de mouvements
que nous effectuons avec nos corps,
toutes ces positions que l’on prend,
même pour un bref instant,
tous ces muscles que l’on contracte,
les uns à la suite des autres,
pour accomplir nos taches, diverses et variées,
ont un côté cour, anonyme,
façade monotone, grise, quelconque
et puis un côté jardin, ensoleillé,
plein de vie, plein de chaleur,
plein de couleurs
passer tout à coup,
durant un enchaînement de gestes et de postures
de leur côté cour à leur côté jardin,
c’est devenu ma spécialité, c’est que j’adore tout particulièrement,
c’est dans ces moments que s’exprime le mieux,
la complicité que j’ai acquise avec mon corps,
c’est dans ces moments qu’il y a moyen de vivre le plus intensément,
la communion avec lui
le banal, le quelconque, le trivial,
soudainement, instantanément,
devient chorégraphie ardente,
soudainement, instantanément,
devient kaléidoscope ineffable,
tournant dans ma chair
le jardin ensoleillé grouillant de vie, plein de couleurs
où cela volète, cela sautille, cela court, cela rampe, dans tous les sens,
c’est une myriade de sensations voluptueuses,
aux nuances sans cesse changeantes
qui s’éveillent de toutes parts
la chair demande à s’exprimer,
demande à exprimer la vie, coulant au fond de moi,
la vie qui danse habituellement si discrètement, au fond de moi
demande à flamboyer, un instant,
demande un instant, à flamboyer, au travers moi,
la chair réclame,
la chair réclame son moment d’incandescence,
son moment d’union vibrante