je suis à peu près sûr que pour développer ma pratique en mode yin,
au fil de ces dernières années,
j’ai utilisé les mêmes mécanismes, les mêmes techniques,
que ceux qu’une transsexuelle,
une femme, donc, dans un corps d’homme,
va utiliser pour réinvestir peu à peu ce corps
qui ne correspond pas à son genre
elle va apprendre à le vivre au féminin, à le mouvoir au féminin,
à l’irriguer de sa sensibilité de femme, de son désir de femme,
apprendre à vivre avec, son plaisir au féminin,
apprendre à jouir en tant que femme, malgré la bite qui pend,
grâce, en fait, peu peu, elle découvrira,
ne plus la sentir en tant que verge, même si elle se redresse,
juste comme formidable pourvoyeuse d’ondes sexuelles
dont il y a moyen de faire à peu près ce qu’on veut,
qu’il y a moyen de façonner à notre image,
mouler avec, un vagin entre nos jambes,
et le sentir prendre vie, palpiter, vibrer,
s’enflammer, entre nos cuisses
et tout cela va fonctionner,
tout cela va finir par fonctionner, si on s’en donne les moyens
parce que c’est possible, cette magie est possible,
parce que notre chair à tous,
indifféremment qu’on soit homme ou qu’on soit femme,
a tout le potentiel de l’autre sexe, enfoui dans ses profondeurs
parce que même si on a un pénis qui pend entre ses jambes,
on peut arriver à vivre son plaisir au féminin,
on peut arriver à ressentir un vagin,
on peut arriver à ressentir une pénétration,
on peut se sentir des seins, des hanches,
là où dans la réalité, il n’y en a pas
moi, je ne suis pas une femme dans un corps d’homme,
aucunement, pas un seul instant,
même si j’ai une admiration sans bornes pour le féminin
et que je crois qu’un jour, dans un futur plus ou moins lointain,
nous vivront dans un matriarcat,
simplement parce que la femme est supérieure à l’homme,
à peu près, tous les points de vue,
c’est une question de temps, c’est en route,
cela prendra le temps qu’il faut, des siècles
mais on y arrivera, c’est inéluctable
je n’ai jamais fantasmé sur cela, vivre mon plaisir au féminin,
contrairement à bien des hommes,
si je me fie à divers témoignages sur ce forum,
non, je me sens plutôt bien dans ma peau d’homme,
en tout cas, je n’ai jamais aspiré secrètement à changer de sexe
non, ce qui s’est passé,
c’est que durant ma pratique prostatique, avec masseur,
peu à peu, j’ai perçu une opportunité, en moi,
je ne savais pas encore clairement ce que c’était,
j’ai juste suivi mon intuition,
je percevais qu’il y avait moyen d’aller dans une direction
qui m’apporterait plus de satisfaction,
qui correspondrait plus à mes besoins
je sentais en moi une opportunité et elle m’attirait irrésistiblement,
simplement parce qu’elle me permettrait de goûter au féminin, à nouveau,
pour moi qui , après une déception amoureuse,
m’étais isolé, m’étais éloigné des femmes, à tel point
qu’à partir d’un moment donné,
je ne savais plus le chemin pour retourner vers elles,
je l’avais oublié et ne le sais toujours pas d’ailleurs
sans doute, si j’avais une vie sexuelle, à peu près normale,
en couple avec une femme ou un homme
ou bien des aventures régulières, vivant ma vie de libertin, joyeusement,
je n’aurai pas eu ce genre de tentation extrême
d’aller explorer toujours plus loin, dans cette direction, en moi
l’autre , qu’il soit homme ou femme,
nous permet d’étancher notre soif d’altérité,
l’autre, c’est l’inconnu, c’est un continent nouveau à explorer,
l’autre nous permet d’entreprendre de multiples explorations sexuelles, en commun,
si on est un peu curieux, audacieux et libre d’esprit
mais voilà, j’ai senti cette opportunité magnifique en moi,
je ne sais pas encore exactement ce que c’était, à l’époque
mais cela m’attirait irrésistiblement,
aujourd’hui, je sais très exactement ce que c’est,
j’ai développé le plaisir au féminin, dans toute sa splendeur, en moi
et il me permet de goûter à nouveau à la femme,
certes de manière radicalement différente,
de l’intérieur en quelque sorte,
éveillant en moi la source ardente et sans limites,
lui permettant de monter à la surface,
de s’emparer de mon corps, de mon esprit, de ma sensibilité,
de prendre les commandes, de tout cela,
me laisser mener par le désir, au féminin
j’ai déjà utlisé quelques fois dans des textes précédents,
la métaphore d’une langue étrangère,
j’ai appris avec mon corps à m’exprimer dans une langue étrangère,
jour après jour, intégrant de nouveaux mots,
déchiffrant la grammaire, les tournures de phrases, les expressions,
devenant de plus en plus familier cette nouvelle langue
désormais, elle m’est totalement familière,
ce ne sera jamais ma langue maternelle, certes,
mais c’est une seconde langue qui est devenu totalement courante
et dans laquelle je m’exprime parfaitement,
même si tous les jours, je continue mon apprentissage
car il n’y a pas de limites,
comme avec sa langue maternelle, d’ailleurs,
on apprend toujours des choses,
on peut toujours se perfectionner