#45104
bzo
Participant

une autre caractéristique de la sensation chez moi,

une de ses multiples couches,

c’est de sentir que tout mon être est dans un élan,

qu’absolument tout mon être participe,

que rien n’est laissé derrière

 

une sensation d’unité, donc,

d’être entier, d’être au complet,

d’être partout et nulle part, en même temps, en moi,

que tout mon corps et tout mon esprit,

semblent embarqués, dans l’instant, ensemble,

s’élancent ensemble

 

avec le désir, partout en moi,

comme une main géante qui me pousse,

me pousse toujours plus en avant,

dans le plaisir

 

aussi, en même temps, homme et femme,

tellement incroyable, tellement vital, cela,

pénétrant et pénétré,

je sens les deux sexes à l’œuvre, en moi,

qui se cherchent, qui se trouvent

qui se redécouvrent toujours, sans cesse, l’un et l’autre,

le trésor nait de cette redécouverte mutuelle,

de cette appartenance commune, momentanée

 

plus rien de réfléchi, plus rien de pensé,

plus rien de prémédité, plus rien de préconçu

juste une sublime sensation d’absolue improvisation

pourtant, en même temps,

quelque chose semble me mener, quelque chose semble me guider

mais ce n’est plus tout à fait moi,

plus du tout, le moi habituel, en tout cas,

cela suffit déjà pour un dépaysement absolu,

c’est moi et en même temps, pas du tout, moi,

un moi augmenté de toutes mes ténèbres,

de tous mes secrètes chambres,

tout le contenu des caves semble avoir monté,

semble participer

 

un élan,

de tout mon être, ne suis plus qu’un élan,

comme translucide  mais bariolé de plein de veines de couleurs

qui nagent, qui flottent,

les sensations et leurs innombrables nuances

réseau qui se fait, qui se défait, qui se forme, qui se déforme, sans cesse

population de poulpes flottant rêveusement, les uns à côté des autres,

se cognant avec une infinie douceur,

s’emmêlant leurs tentacules de soie, avec une infinie douceur

 

au fur et à mesure que l’excitation croit,

cela devient de plus en plus dense,

de plus en plus dense et en même temps, de plus en plus léger,

une impression de léviter, même, par moments,

de m’être détaché du sol,

en même temps, tout en ressentant des racines

avec de la sève qui monte,

qui est injecté constamment dans ma chair

 

par moments, les  sensations

se mettent à courir joyeusement dans toutes les directions,

comme des bandes de chiots surexcités