comme c’est bon de jouir, pendant de longues secondes,
un courant vertical semble nous traverser,
l’essence ardente de la vie,
semblent passer, en concentré, liquide, soyeux, dans nos veines,
frottant l’intérieur, ineffablement, de tous les côtés
charriés par le courant,
c’est comme si tous les sexes du monde,
d’hier, d’aujourd’hui et de demain,
avec toute leur capacité de jouissance, soudainement libérée,
s’étaient donnés rendez-vous dans notre chair,
venant nourrir nos cellules,
les revivifier, les ressourcer,
de leur baume, de leur nectar dans l’invisible
bouillonnante lave du désir,
l’absolue liberté de percevoir, de ressentir,
de laisser l’imagination s’enflammer avec la chair,
sans retenue, sans limites
plus de plancher, plus de plafond, plus de murs,
je projette d’innombrables tentacules, joyeusement,
dans le ciel, sous la terre, dans les profondeurs des océans,
je ramène à moi, tout ce qui existe, dans mes filets,
pour l’embraser avec moi
oh, m’unir, un moment,
avec toute la douceur, avec toute la violence, au monde
dont je suis capable
quelque chose s’est offert à moi,
je me suis offert à quelque chose,
dans un miroir, nous étions comme les reflets dansants, d’un feu sacré,
brûlant dans les profondeurs de la terre