#45441
bzo
Participant

je m’éveille, je suis sous la couverture, il fait bien chaud,

j’ai l’impression de sortir d’un film extraordinaire,

d’avoir vécu des moments haletants, délirants, au possible

 

une fraction de seconde, j’entrevois où j’étais,

quel décor, quelle ambiance, je viens de quitter,

l’intensité de ce qui s’y passait, le côté fabuleux, extravagants, des personnages

mais tout s’est déjà évanoui en fumée,

j’essaie encore un peu de fouiller en moi,

de grapiller quelques images pour les stocker dans ma mémoire

 

mais en vain, la plupart du temps,

parfois j’y arrive, j’ai gardé , ainsi, au fil des jours,

quelques souvenirs, quelques bribes, quelques lambeaux, de mes rêves,

mais c’est tellement rare,

beaucoup trop

 

mes hanches , automatiquement se sont mises en mode liane lascive

comme tous les matins, au réveil

et ma main, lentement, s’est posée quelque part sur la peau

qui l’accueille avec une chaleur ardente, disséminante, nageante,

mes cuisses se collent contre mes bijoux de famille,

une contraction monte, monte, monte

 

comme elle monte,

on dirait un serpent de douceur intense,

inlassablement, ondulant vers le haut, dans mes entrailles,

je gémis, je me laisse aller,

la volupté m’envahit de la tête aux pieds,

tout va bien, tout est bien là

 

au plaisiromètre, l’intensité a encore augmenté d’un cran,

pas seulement l’intensité

mais la finesse des sensations, leur précision, leur richesse

 

comme c’est le cas, en fait, tous les matins,

depuis que je pratique à nouveau, l’abstinence d’éjaculation,

à chaque réveil, je vérifie, pendant quelques instants,

et je constate, que l’ineffable, est toujours plus , ineffable,

que le flot de nectar, en moi, est toujours plus , flot de nectar, en moi,

que chaque mouvement, chaque geste, chaque position,

enfin, tout, en fait,

occasionne, déclenche, toujours mieux, toujours plus et plus facilement

 

je ne sais pas comment c’est possible,

mais à chaque matin, cela me parait toujours plus miraculeux,

chaque matin, c’est meilleur, c’est plus abouti, plus plein,

plus épanouissant, plus nourrissant, plus ressenti partout,

se déclenchant avec une instantanéité toujours plus confondante

 

je me sens puissant, je me sens capiteux de la tête aux pieds

et jusqu’au fond du fond, de l’âme,

prêt à m’enflammer, instantanément, au moindre petit soupçon de désir,

je me sens sourcier, je me sens chamane,

qui déclenche toutes sortes de galaxies de tempêtes, en lui-même,

avec de simples gestes, de simples mouvements

 

en train de préparer quelque chose à la cuisine,

vous allez me voir brusquement fermer les yeux, un instant,

comme resté en suspens,

réfléchit-il à quelque chose?

pense-t-il à ce qu’il doit acheter au magasin plus tard?

que nenni, regardez bien, regardez mieux,

voyez ces paupières, sursaturées de plaisir,  imbibées de langueur,

voyez ces lents mouvements de balancement des hanches,

ces mains qui se baladent, maintenant

 

plus d’erreur possible sur la nature de la petite pause,

je m’envoie en l’air,

comme je m’envoie en l’air,

je jouis la casserole dans une main

et l’autre me tripotant sous le peignoir

 

si vous pouviez voir l’intérieur,

il y a un océan en mouvement, des volcans,

des continents en train de se construire, de se déconstruire,

plus rien ne reste, de la chair bien sage,

des vaisseaux sanguins, des organes, des os