#46361
bzo
Participant

la perfection absolue, la beauté parfaite,

du moindre insecte, de la moindre fleur, la plus modeste,

trouble jusqu’à dans ses profondeurs,

mon athéisme

 

mais ce n’est pas grave, pas grave du tout,

je me suis rendu compte,

car je n’ai jamais eu peur, d’aimer fort,

d’aimer passionnément, d’aimer sans réserve

 

m’agenouiller intérieurement,

devant le soleil et les grands arbres,

jusqu’avoir le nez dans la poussière,

ne me fait pas peur

 

mais revenons-en à nos moutons,

revenons-en aux bites et aux chattes,

aux muqueuses enflammées par le désir,

aux raideurs et mollesses humides, adorées, de la chair,

aux lèvres d’en haut, aux lèvres d’en bas,

à tout ce qui se gobe goulument,

à tout ce qui se lèche, se frotte, se presse,

avec avidité, avec passion,

aux nez et aux langues, en plongée,

parmi les poils et les odeurs,

à la rencontre des fentes et des petites tourelles,

tout à leur exploration passionnée

 

les deux nuits passées, j’étais à l’hopital,

rien de grave, juste des examens avancés, en neurologie,

cependant, certains, vraiment très désagréables,

après la ponction lombaire, par exemple,

il a fallu que je reste 6 heures, couché sur le dos, sans trop bouger,

la colonne vertébrale, devait rester bien à plat ,

pour que le liquide rachidien, se reconstitue,

si j’ai bien compris

 

pour m’occuper,

je me tournais vers les occupations que je connaissais le mieux,

à savoir la lecture

mais pas évident, tenir un livre à bout de bras, sur de longs laps de temps

et puis, et puis. ahem, vous devinez déjà, bandes de petits coquins,

le dialogue intime avec ma chair,

en mode, micro mouvement, maxi effet, pour 6 heures

 

je laissais les cuisses presser un peu mes bijoux de famille

et je faisais de légères contractions,

tout en laissant les doigts errer sur les tétons,

les titiller, les frotter, les presser, sans discontinuité

 

comme cela,

tout en gardant une quasi rigidité de statue, avec le haut de mon corps,

pour que ma colonne vertébrale bouge le moins possible,

comme les effets étaient spéciaux,

les sensations plus brèves

car je ne pouvais les attiser, les endiabler,

avec des mouvements, des ondulations,

des caresses enflammées sur tout le corps

 

cependant, les contrastes,

entre la chair muette et la chair qui chante, l’instant d’après,

ressortait avec une acuité tout à fait frappante,

dans cette quasi immobilité

 

l’effet sphynx,

mort et renaissance des sensations,

enchantait et surprenait constamment,

je gémissais doucement, en sourdine,

ne voulais pas que l’on m’entende du couloir

où des infirmières passaient régulièrement

 

enchantement portatif, déplié, adapté aux circonstances,

j’ai ma boite à outils, constamment, avec moi

 

je suis sorti vendredi midi, c’est-à-dire, hier

et l’après-midi, j’ai pu aller me promener dans la forêt,

la migraine carabinée qui me taraudait,

a disparu progressivement, parmi les grands arbres,

faisant place à un éblouissement de tous les instants,

devant toute cette verdure dansante, baignant dans une glorieuse lumière

 

je me sentais à la fois, tellement hors du temps

et tellement  au coeur battant, au coeur ardent, de l’instant,

moments extatiques, moments de glorieuse paix intérieure