#50220
bzo
Participant

ce matin,

je me suis réveillé une heure et demie

plus tôt que le réveil

et j’en ai profité,

ah comme j’en ai profité!

vécu une expérience tellement splendide

 

bien longtemps

que je n’avais plus pratiqué aussi longuement,

une heure et demie,

enfin si on peut appeler cela, pratiquer,

tellement c’était atypique,

j’appellerai cela plutot

une sorte de danse du plaisir, à l’horizontale,

en communion totale avec mon corps,

cela me parait plus correspondre

 

comment décrire?

par quel bout commencer?

 

d’abord,

le féminin semblait constamment murmurer,

à l’oreille de mes cellules,

“je me suis marié à l’éclair pour toi,

profite-en au maximum,

prends ton temps, prends ton temps”

 

et j’ai pris mon temps,

comme j’ai pris mon temps

rarement pris autant mon temps

et mon pied, aussi ,

que ce matin, sous le drap

 

eh oui

s’il fallait placer

sous le patronage d’un seul terme,

cette séance tout à fait inhabituelle,

c’est celui de l’éclair

 

l’éclair était infiniment habitable

dans ma chair, ce matin,

éblouissement en continu,

impression de lumière chaude et soyeuse,

jusque dans le plus intime,

de la chambre noire

 

trépidante, terrible puissance, de l’éclair,

dans ma chair

mais finalement m’obéissant docilement,

se laissant mener

au gré de mes mouvements divers,

de mes contractions, de mes ondulations

 

je ne veux même pas employer le terme de caresse,

les doigts, la paume, certes,

par moments, se déplaçaient sur la peau

mais ce n’étaient vraiment pas des caresses,

des contacts, des pressions, des frottements,

qui ne cherchaient en aucune façon à être agréables

juste qui dialoguaient intensément,

qui étaient en quête,

qui faisaient partie de la grande harmonie sauvage

qui se déroulait voluptueusement sous ma peau

 

un mustang de lumière,

trépidant terriblement, se cabrant soyeusement

mais acceptant mon rythme lent,

et mes temps d’arrêt

 

la musique se dégageait majestueusement,

omniprésente, avec une telle netteté

mais en même temps, tellement légère,

c’était un jeu, vraiment,

un jeu entre mon corps et moi

 

une heure et demie,

d’une sorte d’extase en continu,

d’une puissance que je n’avais encore pas vécue jusqu’ici

les sensations étaient tellement fortes, tellement omniprésentes,

tellement variées

 

confondant, confondant,

confondant et émouvant

 

quelque part, aussi

j’étais aussi un écolier sur son banc

qui ne perdait pas une miette de ce qui se passait,

qui amassait tout dans sa mémoire

pour pouvoir reproduire cela

dans le futur

 

j’ai les clefs,

oh comme cela me fait frissonner

de toutes parts,

rien que d’y penser