
c’est comme si je disais à mon corps,
“débrouille-toi avec cela,
arrange-toi avec ce geste, ce mouvement,
le plus banal qui soit
pour qu’il se transforme en sensation de plaisir”
et il se débrouille, le bougre,
comme il se débrouille,
presque instantanément,
il l’injecte de velours chaud, rayonnant,
hautement contagieux
et je n’ai plus qu’à me laisser aller,
à me laisser envahir, à me laisser imbiber,
céder le terrain, de plus en plus, au plaisir,
au conquérant majeur,
en marche partout en moi
le secret derrière tout cela,
est un mécanisme, finalement, assez simple,
dès l’instant où je me mets en route,
ma chair n’a plus de genre,
a les deux
difficile d’imaginer cela, j’en conviens
tant qu’on n’y a pas goûté,
tant que l’on ne l’a pas vécu,
de sentir tout son être,
agir, réagir, se comporter,
autant au masculin qu’au féminin
sauvage équilibre,
harmonie dantesque,
dès lors, le geste, le mouvement
que vous étiez en train de faire,
devient comme un détonateur,
comme si vous introduisiez du feu
dans un baril de poudre
car le masculin et le féminin
tout contre l’un, l’autre,
à nu, sans limite, sans frein,
n’attendent plus que cela,
le plus infime détonateur,
pour pouvoir fusionner, s’unir,
encore et encore, encore et encore,
toujours plus fusionner,
toujours plus s’unir
sentir sa chair,
fusionner, s’unir, à elle-même,
la sentir se faire l’amour,
il n’y a rien de plus épanouissant, de plus coloré, comme sensation
car c’est comme si vous étiez à deux, unis,
dans un seul corps, dans deux corps,
vous ne savez plus