ce matin, je me réveille,
je me mets à frotter lentement une jambe contre l’autre,
juste cela, juste cela,
j’avais encore les yeux fermés, le cerveau embrouillé
la chaude douceur soyeuse,
se mis à se répandre
depuis les peaux qui étaient en contact,
qui se mouvaient l’une contre l’autre
ça se mis à grossir, grossir,
oh je ne bougeais pas le reste,
je restais bien immobile,
juste sentir ces peaux s’enflammer
au contact l’une de l’autre,
l’une de l’autre
ça grossissait, ça grossissait, oh oui,
la boule de chaleur soyeuse,
et cela devenait comme de plus en plus épais,
de plus en plus dense
bientôt toutes mes deux jambes
en étaient remplies,
bientôt tout mon bassin,
bientôt tout mon thorax,
bientôt tout mon cerveau
je râlais tout doucement,
en continu,
oh comme il fait bon sous les couvertures,
comme il fait chaud et soyeux à l’intérieur,
comme à l’extérieur
et toujours juste mes deux jambes,
suavement qui se frottaient l’une contre l’autre,
un mouvement lent, très lent
et langoureux, très langoureux
je me sentais comme un réverbère allumé,
dans une petite ruelle sombre,
projetant un peu de lumière, un peu de chaleur,
dans le grand vide de la nuit,
avec toute sa cour d’insectes volant
qui tournoyaient follement,
vissés, subjugués, dans son halo lumineux