ah je m’offre de ces réveils ces derniers temps,
ce matin, par exemple,
ça a été encore vraiment tellement enchanteur
mes doigts semblaient un pinceau
dessinant follement la volupté sous la peau
et j’étais tout entièrement, de tout mon être,
une feuille blanche sur laquelle
se dessinaient d’extraordinaires et momentanées figures de sensations
dans l’invisible
j’y ajoutais ponctuellement des contractions,
selon mon inspiration,
des muscles d’un peu partout,
fesses, périnée, tronc, bras, jambes, etc
juste je contractais, sans réfléchir,
seulement guidé par mon ressenti
et le dessin de la volupté
devenait soudainement
de plus en plus volumineux,
de plus en plus splendide
je bougeais peu et lentement, lentement,
pour pouvoir déguster cela au maximum,
en apprécier la moindre nuance
et il y en avait tellement
ce qui rendaient ces moments
vraiment tellement spéciaux,
c’est à quel point tout mon corps et tout mon esprit
semblaient participer
à ce qui se passait à chaque instant,
je ne formais vraiment plus qu’un tout,
j’étais un,
j’étais tout d’ un bloc,
j’étais entier
et je vibrais vraiment de partout,
pas en même temps mais cela pouvait venir de partout,
le dessin semblait pouvoir venir de n’importer où
et se prolonger partout
je semblais composé d’une multitude
d’infiniment petites cellules en trois dimensions
qui se vidaient et se remplissaient au fur et à mesure,
de nuances de volupté sans cesse changeantes,
se relayant les unes les autres,
comme dans un ballet parfaitement chorégraphié
au rythme onctueux, soyeux
je semblais voir sans les yeux,
dans la chair, la volupté,
je la suivais à la trace
comme un chien pisteur,
je ne la lâchais pas
ou plutôt elle ne me lâchait pas,
elle était le chien pisteur
je la voyais
mais elle avait comme une odeur aussi,
des fumets , des parfums qui arrivaient comme par magie
et qui se répandaient onctueusement dans mon être