chacun se construit,
se bâtit son univers
comme il veut
comme il peut, en définitive
mais au final, c’est la même chose,
sur une plus longue période de temps,
profits et pertes,
vouloir et pouvoir
semblent tellement se confondre
si on y regarde, avec le recul, de plus près
peu à peu,
on va ressembler comme deux gouttes d’eau
d’avoir été tel qu’on est,
d’être tel qu’on a été
dans mon monde,
l’émotion et la volupté,
ont acquis une puissance
quasi surnaturelle
elles sont devenues en quelque sorte
comme une religion,
semblant comme porteuses de magie
par moments,
ayant développé dans l’instant
un pouvoir sans limites
et sans restrictions
sur moi
je l’ai voulu ainsi tout le long,
je me rends compte maintenant,
me suis destiné tout le long,
quelque part, à cela
me suis donné peu à peu
des moyens de plus en plus sans limites
d’effritement et de renaissance
de ma carapace, de mes fondations,
dans l’instant
pour que les vagues de l’émotion
et de la volupté
puissent inonder,
puissent balayer tout sur leur passage,
puissent m’inventer et me réinventer,
encore et encore,
puisse m’offrir tout entier à moi-même
et à d’autres éventuellement
un enseignement fondamental à mes yeux,
après tout ce temps,
c’est que nous sommes, finalement,
un matériau tellement malléable
jusqu’au plus profond de nous-même
on se sculpte peu à peu à son image
quelque part
ma croyance, mon histoire,
ma mythologie, mon vécu,
s’imaginer, être,
s’imaginer être,
être de s’imaginer,
être de s’avoir imaginé,
être de s’avoir imaginé jusqu’à dans les profondeurs
de sa chair et de son esprit,
se vivre de s’avoir imaginé et réimaginé
et en attendant,
libre cours dans la chair et l’esprit
aux petits miracles du désir
tout le long des instants
qu’ils convolent,
qu’ils se rejoignent en plein vol,
au-dessus des chaleureuses acclamations
imaginaires ou pas,
de la terre-mère